Dominique ZACHARY

DSC_4646           Cher Dominique Zachary,

          Je vous écris avec émotion, je vous écris pour vous remercier. Votre roman La Traîtresse est un livre porteur qui nous conduit vers notre humanité, un livre qui dénonce les ombres en chacun de nous, mais qui, grâce à la présence lumineuse de Suzanne, votre personnage principal, nous élève vers ce qui, en notre cœur, est le meilleur.

            Vous faites œuvre de mémoire, cher Dominique, et vous dénoncez l’injustice qui a frappé tant de personnes à la fin de la deuxième guerre mondiale. Vous montrez comment l’innocence, tout à coup jetée dans la nuit, trouve encore audace et courage, et, avec une rare humanité, vous décrivez ensuite la descente aux enfers de la générosité et de l’espérance confrontées à la bêtise, à la cruauté et à l’indifférence.

            Vos personnages, Suzanne Gasper et son clair compagnon l’avocat Pierre Clarens, sont les victimes d’un système où la vérité est bafouée par la rumeur et par la jalousie, victimes d’une foule de préjugés et d’une réduction du cœur, victimes de celles et de ceux qui ne supportent ni l’ouverture à l’autre, ni la force simple de la main tendue.

            Votre roman m’a conduit vers une lecture d’adolescence, Le Silence de la Mer de Vercors, une œuvre qui, comme la vôtre, met l’humanisme en évidence et la paix en lumière. La Traîtresse ne l’est qu’aux yeux de ceux qui ont peur de l’autre et, sans doute plus encore, peur d’eux-mêmes, comme vous le décrivez avec justesse.

            Dans un style limpide, avec une plume efficace de journaliste qui sait comment exprimer l’essentiel, vous dressez le portrait gris d’années sombres où l’homme, dans une volonté d’épuration, dans un désir d’oubli, a nié ses semblables. Vous avez l’audace de parler de ce visage de l’après-guerre, l’audace d’écrire que les « bons » ne sont pas toujours ceux que l’on croit, l’audace de dénoncer les erreurs du passé pour rendre justice et redonner fierté à celles et ceux qui ont subi l’infamie de procès expéditifs et iniques.

            Votre roman bouleversant devrait être prescrit dans les écoles pour que nos adolescents prennent conscience des souffrances d’une guerre qu’ils n’ont pas connue, mais surtout pour qu’ils se rendent compte qu’aujourd’hui aussi, des êtres veules, convaincus de leur bon droit, deviennent les bourreaux de ceux qui portent une parole libre.

            La liberté est sans cesse à construire. L’humanité aussi. Cher Dominique Zachary, je vous remercie chaleureusement d’avoir écrit ce roman qui nous offre de ne pas l’oublier.

Frank Andriat

Dominique Zachary, La Traîtresse, Éditions Michalon, Paris, 2013.

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