Fouad LAROUI

          Cher Fouad Laroui,

          Lorsque je vous lis, un mot me vient au cœur et à l’esprit : « humanisme ». Merci profondément pour vos livres intelligents et sensibles où l’ouverture à l’autre et aux différences, où le respect de l’autre et de son Histoire sont toujours au rendez-vous.

          Je viens d’achever un de vos derniers textes, Ce vain combat que tu livres au monde. Votre livre m’a bouleversé. En deux cent cinquante pages lumineuses et plaisantes, vous réussissez à faire comprendre, avec finesse et profondeur, le pourquoi et le comment du djihadisme. Vous ne vous contentez pas de quelques émotions, de quelques affirmations faciles : vous promenez votre lecteur sur les chemins de l’Histoire, vous créez des liens, vous ouvrez le débat et vous suscitez la réflexion.

          Vos personnages sont humains, vivants, attachants. Leurs fêlures et leur fragilité les rendent vrais et crédibles. La descente d’Ali aux enfers et l’incapacité de Malika à l’aider touchent au cœur, la tragédie que vous dépliez avec brio amène à réfléchir, la solaire tante Ginette fait du bien, Brahim le désorienté qui accuse l’autre de l’être plus que lui pour ne pas affronter ses incertitudes fait frémir. Vous offrez à vos lecteurs une étonnante palette de portraits humains, si humains, ceux tirés de votre imaginaire et ceux extraits de l’Histoire. Merci, Fouad, pour votre culture, pour les mille informations historiques et sociologiques que vous offrez, au fil d’un roman, qui demeure léger, malgré la lumineuse érudition qui le parcourt.

          Vous avez le don de parler de l’humain avec gourmandise. Votre écriture ailée est saupoudrée de finesse et d’humour. Chacun de vos livres, malgré les ombres dénoncées, est un festival de bonne humeur : on sourit (ah, La vieille dame du riad !) en vous lisant, on est ému (l’aventure de Mehdi dans Une année chez les Français), on est surpris, ébloui, on frémit et, parfois, on rit. Comme dans la vie, Fouad, comme dans la vie en partageant, avec des amis, un verre de gewurztaminer.

          Lorsque je songe à vous, je ne peux m’empêcher de penser à ces Humanistes qui ont parcouru les chemins de l’Europe et qui ont préparé le Siècle des Lumières. Vous mettez votre intelligence et votre culture au service de la propagation d’idées qui éclairent le monde, qui le détournent de tous les obscurantismes et des certitudes meurtrières. Merci, cher Fouad, pour votre libre-pensée qui se nourrit de faits, d’Histoire, de recherches et qui, sans cesse, se remet en question pour conserver sa justesse et se garder en équilibre. Avec vous, avec vos livres, on ne sombre jamais dans la caricature : la joie qui en ressort nourrit, la vie, à laquelle chacune de vos phrases rend hommage, fait grandir.

          Vos livres sont rayonnants. Ils font du bien parce qu’ils vont au fond des choses sans être distants et froids. Vos lecteurs trouvent en vos personnages des amis, des personnes qu’ils pourraient rencontrer et avec qui ils pourraient partager un savoureux repas. Moi aussi, cher Fouad, « ce que je préfère, c’est vivre. Vivre ! Ici et maintenant. » En respectant la vie de l’autre. Merci de le rappeler avec une telle intelligence et une si belle profondeur !

 

Frank Andriat

Fouad Laroui, Ce vain combat que tu livres au monde, Pocket, 2018.

Les autres romans de Fouad Laroui sont disponibles chez Pocket.

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