Isabelle MONNIN

autoportraitIM

                   Chère Isabelle Monnin,

          Votre triptyque, Les gens dans l’enveloppe, s’offre à ses lecteurs comme une main tendue. C’est un livre qui accueille. Avec humanité. À partir de quelques photos anonymes, vous édifiez un univers, celui d’une famille dont les visages murmurent à votre oreille attentive. Vous écoutez leurs faiblesses, leurs fragilités, leurs silences, leurs non-dits. Vous tissez des liens et vous inventez à ces personnes, qui pourraient être nous, des fumées de vie qui s’évadent dans le ciel du monde.

          Vous réussissez, avec une rare bienveillance, à créer des présences, à donner la vie à des hommes, à des femmes en vous rendant proche de leurs ombres et de leurs lumières. Vous êtes l’inconnue qui devient l’amie, vous êtes l’étrangère qui entre dans la famille. Sur la pointe des pieds. Vous semez des vies et vous les regardez germer avec un amour que l’on sent de plus en plus ému, de plus en plus tendre.

          Votre ovni littéraire — roman, enquête et disque né de votre complicité avec Alex Beaupain — est un objet rare que tout amateur de fiction devrait découvrir. Parce qu’il dévoile, avec une belle simplicité et une immense humilité, comment, à partir de presque rien, un auteur crée un monde et comment, ensuite, le monde se rassemble autour de la fiction pour donner à celle-ci un nouveau visage. « Les gens dans l’enveloppe » vous ont offert leurs fragilités, leurs mots, leur force. Grâce à votre enquête, votre belle fiction acquiert une nouvelle profondeur, celle de la vie brute, sans fard, mais si belle d’être réelle. Après avoir donné vie, grâce au disque d’Alex Beaupain, vous donnez voix  et bonheur.

          Chère Isabelle, votre livre est un chemin où il fait bon se promener, un chemin qui nous conduit avec subtilité vers nous-mêmes, en toute transparence, vers ces petites choses qui rendent la vie précieuse : ces liens que nous créons et qui se défont, ces émotions qui nous submergent, ces dérapages, ces erreurs et ce besoin de conserver le moins mal possible notre dignité et notre courage quand l’existence nous gifle et nous fait mal. Votre livre témoigne, sans effets de manches, de notre humanité : à Clerval, sur le pavé, dans ce beau Doubs que vous aimez, mais aussi partout dans le monde, la vie frémit, la vie rit et pleure, la vie patiente et nous attend.

          En rencontrant vos gens dans l’enveloppe, vous nous invitez à rencontrer celles et ceux qui nous entourent, à leur faire confiance, à tisser des liens, à créer des ponts, à humaniser la Terre. C’est pourquoi votre œuvre fait du bien, c’est pourquoi elle nous imprègne d’une grande douceur. Celui qui vous lit est obligé de prendre du recul, de se poser, de s’accorder une attention que nos existences trépidantes nous ravissent si souvent. Celui qui vous lit ne peut qu’être ému en se rappelant que le bonheur se construit, chaque jour, de lueurs qu’il faut protéger et offrir.

          Avec votre beau projet, chère Isabelle, vous nous rappelez qu’on ne peut pas recevoir sans donner, que la confiance se construit et que la vie n’est jamais anonyme, que tout demeure relié, malgré les déchirures et les absences. Je vous remercie, vous et vos co-auteurs « les gens dans l’enveloppe », d’avoir si généreusement et si humblement construit le quotidien.

 

Frank Andriat

Isabelle Monnin, Les gens dans l’enveloppe, avec Alex Beaupain,
Éditions Jean-Claude Lattès, 2015.

Posted in Coup de cœur. RSS 2.0 feed.