Michel PAQUOT, La seconde vie de Grégoire-le-Sage, L’AVENIR, 4 octobre 2018.

La seconde vie de Grégoire-le-Sage

 

Dans Méditations heureuses sous un cerisier du Japon, Frank Andriat donne vie à un personnage secondaire de son précédent roman.

Grégoire ! Qui a lu Le bonheur est une valise légère ne peut avoir
 oublié ce lecteur
 de Christian Bobin et buveur d’infusions aux fruits rouges qui, grâce au regard apaisant et bienveillant qu’il porte sur la vie, permet à l’héroïne, Selma, de se recentrer sur l’essentiel et de reprendre un nouveau chemin. Un personnage tellement fort que de nombreux lecteurs ont voulu en savoir plus sur lui.

Son créateur, Frank Andriat, s’est pris au jeu et s’est demandé d’où vient cet homme issu de son imaginaire, quel a été son cheminement vers cette forme de sagesse. « En l’approfondissant, j’ai eu l’impression d’approfondir mon premier livre, explique­-t-­il. Je me suis rendu compte que je ne pouvais pas écrire son parcours comme une histoire classique, mais qu’il me fallait entrer dans son intimité. »

Lorsque s’ouvre Méditations heureuses sous un cerisier du Japon, cet homme de 38 ans est au fond du trou suite à une rupture amoureuse dont il ne parvient pas à se remettre. Ses seuls moments de sérénité sont ceux passés sous le cerisier du Japon planté dans son jardin, en compagnie de son chat Nestor. C’est son psy qui lui a conseillé la méditation, l’encourageant à se montrer persévérant, et à observer la vie « humblement, paisiblement ». Et, progressivement, il parvient effectivement à reprendre goût à l’existence. Et même à retomber amoureux d’une femme qui va l’aider à acquérir cette sagesse dont il sera porteur. « Ses faiblesses, il a pu les transformer en forces grâce à la méditation. Il se rend compte qu’aider les autres, c’est une manière de s’aider lui­-même. Il s’étonne du regard que l’on peut porter sur lui, car il ne se considère pas comme un gourou. Il est un Monsieur Tout­-le-­Monde qui a simplement appris à être attentif à son prochain. Or, dans notre société, la plupart des gens sont centrés sur eux­-mêmes, sur ce qu’ils font, sur leur avoir, et la question de l’être ne les préoccupe pas. »

Lui qui, par sa façon positive de voir le monde, fait du bien à tous ceux qu’il croise, y compris ses collègues dans la maison d’édition où il est à la fois lecteur et directeur commercial, serait-il une sorte de Christ profane ? « On peut dire ça, s’amuse l’ancien professeur qui ne veut pourtant pas donner aux méditations de son personnage une connotation religieuse. Quand j’ai publié Avec l’Intime, en 2009, un ami prêtre, mais aussi des amis athées s’y sont retrouvés. Chacun a la même recherche intérieure à partir du moment où la vie l’amène à se poser des questions. »

Les trente chapitres qui composent ces profondes Méditations heureuses sont autant de beaux moments amenant le lecteur à réfléchir à lui-même, à son parcours de vie. Et peut-être à se demander, avec Grégoire, « qu’est­-ce que le bonheur ? »

Michel PAQUOT, L’AVENIR, 4 octobre 2018.

Frank Andriat, Méditations heureuses sous un cerisier du Japon, Marabout.

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