Paul MATHIEU, Le Jeudi, 7 novembre 2002.

ENTRE FANTASTIQUE ET LITTÉRATURE JEUNESSE

Depuis quelques années —   le Journal de JamilaLa remplaçante, Frank Andriat a pris le visage d’un auteur pour la jeunesse.   Ce classement est peut-être un peu rapide, il suffit d’ouvrir son nouveau recueil de nouvelles fantastiques pour s’en convaincre.

Méfiez-vous des fêtes foraines et des apparences !   C’est une des leçons proposées par Rides de papier , un ensemble de textes écrits à quatre mains à la fin des années 70 par Andriat et Mythic (surtout connu comme scénariste de bande dessinée) : une association qui, au départ de Schaerbeek, — la cité des ânes et des griottes, aime à préciser Frank– a eu des prolongements jusqu’aux éditions Fleuve Noir!

Dans ces nouvelles, en bonne partie inédites, le lecteur retrouvera avec plaisir certains des thèmes chers au genre : la main coupée dotée de pouvoirs propres, la rencontre avec la Mort,…

Malgré son âge (44 ans), Frank Andriat a déjà un passé littéraire chargé.   Il est vrai que son grand-père était collègue et ami de Ghelderode et, bonne fée à sa manière, le grand dramaturge s’est, dit-on, penché sur le landau de Frank quand on le promenait dans le parc de Schaerbeek…

Après avoir tâté de la poésie, il a assez vite bifurqué vers la littérature fantastique redevable dans ce double parcours initial –sinon initiatique– à quatre auteurs qu’il a bien connus : Jacques Crickillon, André Doms, Ayguesparse et Thomas Owen… Excusez du peu !

C’est par le truchement de certains de ses ouvrages pour la jeunesse que Frank Andriat a connu le succès, cela l’a en quelque sorte enfermé dans le genre : «Je suis catalogué» , constate-t-il. «Le rayon jeunesse, ce n’est pas le genre que je préfère, mais je ne vais pas pour autant renier cette partie de ma production qui doit beaucoup à ma profession d’enseignant.»

Fantôme virtuel

En la matière, dans ses propres classes, Frank Andriat lit volontiers certains de ses compatriotes écrivains sans pour autant négliger les grands classiques.

Cet intérêt pour les auteurs belges n’est pas vraiment un hasard, c’est avec eux que Frank entretient le plus de rapports : «Les seuls auteurs étrangers avec lesquels je collabore sont québécois», dit-il.

Paru voilà quelques mois chez Memor, Ado blues offre une bonne synthèse des autres ouvrages de l’auteur schaerbeekois; outre des protagonistes des romans précédents, les cinq nouvelles rassemblées dans cet ouvrage mélangent agréablement préoccupations de la jeunesse et dérive fantastique avec, par exemple, une sorte de fantôme virtuel qui hante le net ou encore un professeur qui séquestre des personnages de roman…

Les projets de Frank Andriat vont un peu dans le sens de la double casquette affichées par les deux dernières publications : outre un recueil de nouvelles (…), il prépare un roman destiné à la jeunesse et axé sur certains tabous…

Paul MATHIEU, Le Jeudi, 7 novembre 2002.

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