Comment écrivez-vous ? Quelle est votre méthode de travail ?

En général, j’écris le matin. De huit heures à douze heures trente. Je m’installe à mon bureau, devant mon ordinateur et j’écris. Bien entendu, à ce moment-là, j’ai déjà un projet, je sais ce que je veux écrire. Avant de m’installer devant mon ordinateur, j’ai laissé mûrir le projet à l’intérieur de moi et, une fois que j’en ai saisi la musique, il ne reste plus qu’à le mettre en forme. Si je parle de musique, c’est parce que je crois qu’avant d’exister sur le papier, tout texte est d’abord le fruit d’un tremblement de la vie; pour moi, l’écrivain est celui qui se met à l’écoute pour tenter de saisir la note juste et pour la transcrire ensuite en phrases et en mots. Ce n’est pas évident à expliquer parce que c’est plus du ressenti que du rationnel. Je peux chercher la “note” qui va me permettre de démarrer une nouvelle, un roman pendant des mois, voire des années. J’adore marcher, regarder les gens vivre autour de moi, contempler la nature ou la ville. A un moment, il y a un déclic, une émotion, une phrase et je sens qu’à partir de là, je vais pouvoir créer quelque chose.

Ma méthode de travail, c’est donc de me “laisser être” jusqu’à l’instant où la vie m’offre un de ses fruits. Commence alors la période de travail; après l’inspiration, la transpiration ! Il faut réussir à tirer tout le suc du moment de lumière qu’on a reçu et ce n’est pas facile. Alors, je m’enferme, je me donne un horaire très strict : écriture le matin, relecture et décompression l’après-midi et, le soir, nouvelle préparation “psychologique” au travail d’écriture du lendemain. Je m’endors en sachant ce que je me donne pour objectif d’écrire le lendemain. Le plus dur pour moi, c’est de ne pas me laisser distraire, de demeurer dans le ressenti de mon projet. Maintenant, plus qu’avant, je m’offre de longues plages de temps libre où je sais que je ne devrai m’occuper de rien d’autre que de l’écriture de mon livre. Huit jours, quinze jours sans me laisser distraire par le courrier ou par le téléphone. Après, je laisse reposer ce que j’ai écrit pendant quelques mois, de façon à l’oublier le mieux possible. Vient ensuite le temps de la lecture critique et des corrections; il faut enlever toutes les fausses notes dans l’écriture et dans l’histoire.

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