À la source du regard

Cyclope, Bruxelles, 1976.
Avec des photos de Marc Sweers.

Il faut croire et aimer les poètes et les faiseurs d’images.  Ils nous disent dans leur langage, les secrets de leur cœur et cette confidence nous atteint au meilleur de nous-mêmes.

Marc Sweers et Frank Goetghebeur totalisent à eux deux trente-sept printemps.  Mais ils sont à ce point bénis des dieux, ils sont riches de tant de dons, qu’on les découvre d’une étonnante et vigoureuse maturité.

On aimera de Marc Sweers, les beaux visages inquiets, les gestes d’une charmante brusquerie, l’amusante provocation d’un pied haut chaussé ; comme on se sentira en amitié avec les mots si sûrement assemblés de Frank Goetghebeur qui manie le raccourci avec élégance, ne se perd pas dans l’hermétisme et célèbre, avec le cœur battant, la «fugacité du songe», et la «lèvre perdue offerte acceptée»…

Que tout cela est frais, net, sans bavures, sans prétention, sans agressivité ! À l’âge de faire leurs gammes, ces deux chantres de la beauté ont atteint dans leur démarche un ton de dignité qui ne trompe pont.

Ce n’est pas aujourd’hui

Qu’on dînera d’étoiles

dit le poète.

On a l’impression, bien au contraire, que le ciel est au menu !

Thomas OWEN, préface du recueil.

Au plus profond d’un faux visage
jusqu’à en perdre l’horizon
un visage noir
à fendre les lanternes
J’aurais aimé
que tes yeux fussent présents
pour me prouver ton acception
Parle
Chante
comme il y a si longtemps
quand nous étions enfants
Et que nos yeux ne voilaient pas leurs rages

extrait de À la source du regard, Éditions Cyclope, 1976.
© Frank Andriat.

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