Annick MERCKX, Le plaisir de danser d’Andriat, LA LANTERNE, 9-10 décembre 1995.

Le plaisir de danser d’Andriat

Frank Andriat, jeune écrivain mi-Bruxellois, mi-Gaumais depuis une demi-douzaine d’années (ce prof d’athénée schaerbeekois passe la moitié de son temps là-bas) vient de sortir un nouveau bouquin, intitulé Le plaisir de danser et comprenant 19 nouvelles. Des nouvelles datant des années 91-92 et tournant autour de la femme.
Une femme sublimée, romantique, imaginaire et terriblement réelle. Enthousiasmante ou décevante, en tout cas toujours mystérieuse, cette femme, ces femmes, de l’adolescente de 14 ans (âge charnière qu’on retrouve à plusieurs reprises, comme dans la nouvelle-titre) à la femme plus âgée, toujours belle, un peu folle de Coup de théâtre.
Les nouvelles de Frank Andriat son intrigantes, imprévisibles, pleines d’amour, souvent non partagé ou finissant. Pleines de rêve d’amour également comme seules peuvent en rêver les adolescentes qui, comme dansAprès, retombent dans un quotidien trop dur pour elles. Frank Andriat entremêle, au gré des nouvelles, ce qui lui tient à cœur : la culture maghrébine (on repense au Journal de Jamila, le roman de 1986), les rues de Bruxelles, Venise ou Paris, une certaine idée sublimée de l’amour et de la femme. Même cruelle, celle-ci reste sublime et, quand elle part, c’est l’enterrement de l’amour qu’on célèbre (Love).
Illustré par la compagne de l’auteur, Evelyne Crismer, Le plaisir de danser est un livre qu’on emporte avec soi, dont on lit une ou deux nouvelles en suivant, pour y rêver ensuite. Frank Andriat a le don d’ébaucher des portraits qui permettent aux lecteurs d’y apporter un grain de sel, ou plus.
Comme le dit Albert Ayguesparse, en quatrième page de couverture, «ce qui paraît n’être qu’une banale péripétie de la vie quotidienne se transfigure, sous les yeux du lecteur, en un événement insolite. Mais pour que s’accomplisse cette métamorphose que l’auteur amène avec une singulière habileté, il faut parfois attendre la dernière phrase du récit.»
Après plusieurs livres de nouvelles, romans et roman-dialogues avec ses élèves autour de Jean-Jacques Goldman, Frank Andriat pourrait, avec la même aisance, plonger dans un roman policier, tant son sens du suspense est évident. Mais assurément un polar où l’amour et la femme seraient des personnages principaux…

Annick MERCKXLa Lanterne, Bruxelles, 9-10 décembre 1995.

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