Carole MARTINEZ

MARTINEZ Carole photo C. Hélie Gallimard COUL 5 01.07

© Hélie Gallimard

             Chère Carole Martinez,

            J’ai envie de partager avec vous les murmures étoilés que vos deux romans ont fait naître dans mon cœur cousu par la beauté de vos histoires.

          Dans vos livres tissés avec patience, rigueur et enthousiasme, vous mettez, avec une rare finesse, les femmes, la femme, en valeur et en liberté. Votre lecteur adhère aux univers d’Esclarmonde et de Frasquita, suit, avec une passion blessée, le fil de leurs fabuleux destins déchirés, avec une émotion lumineuse aussi, car vous réussissez, malgré les ombres, la cruauté, la froideur, à donner à vos personnages une dimension ailée qui, au fil des pages, les habille de grâce et de clarté.

          Vous êtes une conteuse, Carole, une créatrice d’univers vacillants et vous tissez des rêves avec une sensibilité merveilleuse. Vous déconstruisez le réel pour le recoudre en plus beau, en plus vraisemblable, même si vos personnages ont d’ordinaire l’extraordinaire qui habille leurs vies. Filles de la solitude et du désir, les femmes qui habitent vos livres ont d’exceptionnel leur volonté de vivre dans la fulgurance et c’est ainsi qu’elles créent des mondes hauts en couleur, c’est ainsi que les rêves qu’elles construisent dévorent, avec gourmandise, la réalité dans ce qu’elle a de gris et de banal.

          Vos personnages, en des mouvements de vent, agrippent notre imaginaire et s’y immiscent : denses, émouvants, fiers, ils nous ramènent à nous-mêmes. Les rêves que vous tissez avec grâce rencontrent nos vies dans ce qu’elles ont de précieux et c’est pour cela que vos livres ne nous quittent pas : chacun de nous est un peu celles et ceux qui habitent vos pages, dans leurs folies, dans leurs élans, dans leurs fragilités, dans leurs amours.

          La densité humaine qui construit votre œuvre est sensuelle, violente, profondément palpable. On déguste, on goûte, on touche, on renifle, on caresse et on embrasse les êtres de papier coloré qui s’ébrouent dans vos pages, quasi nus souvent, fragiles, si humains comme des reflets d’aurore, splendides et pouvant s’échapper à tout moment, des êtres colorés hantés par la blancheur et par la lumière impalpable qui brille au plus profond des ombres.

          Chère Carole Martinez, vos romans sont fascinants comme un coquelicot qui danse dans le vent, vos romans sont savoureux et tendres sans nier la féroce noirceur du monde, vos romans délivrent le corps féminin et le cœur infini où se lovent les amantes et les mères, fragiles, mais sauvages, parfumées d’aube et de nuit. Merci pour vos livres d’âme et de chair, merci d’offrir au monde tant de murmures d’éternité.

Frank Andriat

Carole MartinezLe cœur cousu et Du domaine des MurmuresFolio.

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