L’art de l’instant de Frank Andriat
Un recueil de nouvelles de l’écrivain bruxellois tout en sensibilité
Les occasions de parler des écrits de Frank Andriat ne manquent pas ces derniers temps. Et c’est tant mieux. Voici peu paraissait un roman plein de vitalité et d’espoir, Au bout du monde, où l’Ardenne verdoyante redonnait vie à un jeune homme blasé. On retrouve Frank Andriat aujourd’hui dans un livre fort différent, mais aussi pétillant, si pas plus. Il s’agit d’un recueil de nouvelles, Le plaisir de danser.
A 37 ans, l’écrivain bruxellois a déjà un beau parcours littéraire derrière lui. Il s’est essayé avec succès à de multiples genres : la poésie, le roman, la critique, la traduction. Il a été l’animateur de la revue Cyclope et des éditions Cyclope-Dem où ont notamment été publiés des textes de Jean Muno, de Jacques Crickillon ou d’Albert Ayguesparse. Dans ses romans et ses nouvelles, il aborde des thèmes fort variés, allant des tourments de l’adolescence au fantastique, de l’immigration à l’amour fou. Mais on y retrouve toujours cette chaleur humaine faite avant tout de simplicité et de cordialité, comme celle qui émane de Frank Andriat lui-même.
Le plaisir de danser donnera à ceux qui découvrent Andriat pour la première fois un condensé de son art. C’est que chaque nouvelle presque joue sur un de ses registres favoris, à commencer par celle qui donne son titre au recueil où l’on retrouve une adolescente éperdue et perdue dans une boîte de nuit. Des nouvelles d’inspiration plus «Vision flamande» font apparaître d’autres aspects d’un style qui ne s’embarrasse pas de gros effets de scènes pour aller immédiatement à l’essentiel.
En définitive, tout semble démontrer que la nouvelle est bien la forme qu’Andriat maîtrise le mieux ou est en tout cas la forme où s’exprime le mieux sa sensibilité. Son art est celui de l’instant, du fugitif, de l’entr’aperçu, de petites choses auxquelles on ne prête habituellement pas attention, mais qui, en quelques mots, deviennent porteuses d’autres significations. Les récits courts amplifient encore le mouvement pour mettre en évidence cette sensibilité qui va à contre-courant des modes actuelles.
Denis GENNART, La Libre Belgique, 12 janvier 1996.