Je voudr@is que tu…

Grasset, Paris, 2011.

Salomé, treize ans, aime chatter avec ses copains et ses copines. Si elle confie ses secrets aux pages de son journal, sur le net, elle peut passer des heures à discuter de tout et de rien, avec Florine, sa meilleure amie, et leurs amis Saïd et Philippe. Pour Salomé, Internet, c’est encore mieux que la vie réelle : une porte ouverte sur le monde, et sur ceux qu’elle ne pourrait pas rencontrer autrement. Alors qu’elle habite en Bretagne, à Concarneau, elle fait ainsi la connaissance de Michaël, seize ans, qui vit à Tours, à quelques heures de chez elle, et de Coralie, fragile et solitaire. Mais elle découvrira que la Toile peut servir à dissimuler bien des choses… pour le meilleur, et pour le pire.

L’histoire se développe dans le journal intime tenu par Salomé, autour des échanges que les amis entretiennent sur leur chat, mais aussi lors de leur quotidien. Handicap social pour Coralie, ou physique pour Michaël… Comment savoir ce que cachent les noms qui s’invitent sur la toile ? Un roman “prévention” sur un problème très actuel : celui des mensonges et dérives que peut provoquer Internet, lieu de tous les dangers pour les adolescents en quête d’adrénaline et d’émotions vives.

Dimanche 26 octobre

J’ai rêvé de Quasimoto. Je ne sais même pas à quoi il ressemble et je m’invente un trip avec lui. C’est tout moi, ça ! Je démarre au quart de tour ! Nous avons échangé quelques phrases, mais c’est ce qui s’est passé entre elles qui me semble important. Je suis émue, émue. C’est peut-être lui qui pourra changer ma vie plate en un chemin d’étoiles. «Quasimoto» ! Trop marrant et il ne s’est même pas fâché quand je lui ai sorti ça. Il aurait pu dire, genre Saïd, «Je me prénomme Michaël; pourquoi tu m’inventes un surnom à la con ?» Il est resté cool et ça me plaît. Seize ans, musclé, bronzé… Brouuuummm, il vient me chercher sur sa grosse moto et je file, accrochée à lui, jusqu’au bout du monde.

N’importe qui affirmerait que je délire grave. Mais j’aime rêver. Même quand ça n’aboutit à rien. C’est comme ça qu’on commence à écrire des romans !

Maman dirait :
— Salomé, c’est dangereux. On ne rêve pas de quelqu’un rencontré sur le web. Tu ne le connais pas, tu ne sais rien de lui, il peut te raconter n’importe quoi… Papa ajouterait :
— D’autant plus que, sur Internet, tu ne sais jamais vraiment à qui tu parles ! Imagine que celui qui se dit un beau mec soit une vieille concierge avec des poils au menton, ah, ah !
Ou un pédophile ! Ou un serial killer ! Ou une gouine ! Ou un taré qui infiltre les réseaux sociaux pour repérer ses proies ! Ou la mafia russe ! Si l’on commence à penser ainsi, on reste enfermé chez soi et on sort avec une escorte armée de kalachnikovs pour faire ses courses ! Je sais que le danger existe; même au collège, on nous met en garde contre les arnaques liées au web. Chaque prof a une anecdote d’un copain qui a une copine dont la cousine a un voisin qui… Je peux tout aussi bien me faire écraser en traversant la rue.
extrait de Je voudr@is que tu…, pp. 38-39, © Éditions Grasset-Jeunesse, 2011.

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