Romain PUÉRTOLAS

©Éric Clément

Cher Romain,

 

          J’ai aimé votre roman dédié à votre Tatie et la dénonciation que vous y faites de la violence et des outrages que subissent les femmes. Merci de mettre en lumière le sort de tant d’entre d’elles qui, dans l’ombre et au quotidien, parfois jusqu’à la mort, doivent affronter la brutalité et la bestialité d’hommes indignes, sauvages et inhumains.

          Mais, malgré mes mots, ce n’est pas un roman social que vous avez écrit, c’est un superbe roman policier où, une nouvelle fois, vous jouez habilement avec le lecteur, où vous le trompez pour son plus grand plaisir, où, machiavélique et terriblement efficace, vous avancez dans une histoire horrible dont vous maîtrisez tous les fils.

          Votre jeune avocate et enquêtrice est fine, coriace, intelligente. Elle veut aller au-delà des apparences et dénonce ainsi la médiocrité des a-priori, du racisme, des solutions faciles. Comme elle, nous savons que l’assassin de Rose Rivières ne peut être celui qu’on croit et, comme elle, on hésite lorsque, avec maestria, vous apportez des éléments qui nous font douter. Comme elle, nous nous révoltons en découvrant le journal de Rose et nous avons envie de tordre le cou à son salopard de mari, cet inculte dictateur pour qui une femme n’est qu’une pute et une bonniche.

          Sous le voile d’une enquête policière, vous écrivez un superbe livre qui dénonce l’injustice et l’indifférence, qui condamne l’absence de respect et le manque d’amour. Vous rendez un vibrant hommage à votre Tatie, la sœur de votre maman, qui connut une fin tragique. Son âme plane sur votre histoire, de la première à la dernière ligne ; elle est Rose, mais aussi la tenace avocate qui tire les fils du drame jusqu’au dernier, qui va plus loin que la justice. Celle-ci, comme la vie, peut se révéler totalement injuste et commet parfois d’irréparables erreurs.

          Votre livre est vrai, mon cher Romain, réaliste, passionnant et plein de cet humour que vous distillez au fil des pages, avec plus de réserve que dans vos textes précédents. Vous êtes moins fou. Cependant, malgré le sérieux de votre sujet, vous ne perdez pas cette légèreté qui est votre marque de fabrique.

          Merci de m’avoir entraîné à votre suite, merci de m’avoir amusé, mais aussi de m’avoir permis de réfléchir sur des manières d’homme qui sont détestables. Votre intrigue se déroule dans le passé, mais elle éclaire tristement 2020 : le temps s’écoule sans que nous devenions plus humains, plus délicats, plus intelligents. Votre roman, malgré l’inconsolable peine qui le traverse, est un merveilleux roman d’amour.

 

Frank Andriat

Romain Puértolas, Sous le parapluie d’Adélaïde, Albin Michel, 2020.

          Cher Romain,

 

          Vous êtes un terrible filou et votre nouveau roman en est une preuve éclatante. Avec un art consommé d’inventeur du réel, vous menez votre lecteur sur de sombres chemins de campagne, en ces endroits de la France profonde où les règles ne sont pas celles de la République, où tout se joue dans les non-dits, dans les secrets, dans les silences.

          La police des fleurs, des arbres et des forêts (Quel beau titre !) n’a pas le côté dingue de vos autres livres : plus sobre, plus classique, plus sage, il conserve sa folie en un cocon, la condense, la préserve pour qu’elle explose en un bouquet final qui transforme tout ce qu’on a lu en un feu d’artifice ! C’est fou comme on s’est fait avoir ! Tout était dit et, comme votre enquêteur, on n’a rien vu.

          Cher Romain, comme tout auteur de roman policier qui se respecte, vous êtes un manipulateur. Dans votre histoire, chaque fait semble si vrai, si logique, si pertinent… parce que chaque fait y est vrai, logique et pertinent. Vous décrivez avec finesse, avec humanité, les relations entre vos personnages, leur psychologie, leurs dérives, leurs ombres et leurs lumières. Vous faites grimper le suspense, vous cheminez impitoyablement vers votre coupable, vous le coincez et, ensuite, vous attrapez votre lecteur qui vous a suivi, haletant, passionné, ému par votre terrible histoire.

          Merci pour la surprise, l’ami ! Merci pour ce roman qui découvre l’âme d’un village perdu, pour ce retour vers les années soixante, vers le rêve de Paris et des Galeries Lafayette, vers des êtres simples, mais brûlants. Vous décrivez si bien les passions humaines, les détours qu’elles nous font prendre et les mensonges qu’elles nous conduisent à inventer. Les lecteurs se retrouvent dans vos gens simples, amoureux, sincères qui tentent d’être le plus heureux possible et qui, parfois, à force de trop aimer, finissent par haïr.

          Cher Romain, vous êtes un tendre, même quand vous décrivez des scènes horribles, vous êtes aimant même quand vous décrivez des duperies. Avant d’être de gros cons cadenassés dans leurs certitudes, vos personnages, un brin simenoniens, ont des failles, comme nous tous. Leurs fragilités les rendent attachants et nous conduisent à les aimer. Leurs dérapages nous rappellent les nôtres et nous disent que, parfois, nous sommes prêts à de pleutres tromperies pour échapper à notre quotidien.

          Merci de m’avoir emmené à la campagne, merci de m’avoir fait rêver et vibrer, au terme de votre roman, d’un grand éclat de rire. Vous l’écrivez généreusement et simplement : vos lecteurs sont votre raison d’écrire. Au fil des livres de vous que j’ai lus, je puis affirmer que vous êtes devenu, mon cher Romain, une de mes raisons de lire.

 

Frank Andriat

Romain Puértolas, La police des fleurs, des arbres et des forêts, Albin Michel, 2019.

          Cher Romain Puértolas,

 

          Vous lire, c’est sourire, c’est avoir le cœur et les sens en fête, c’est être envahi d’une douce légèreté, c’est se faire plaisir.

          Dans chacune de vos histoires, vous invitez à un festival de l’imaginaire, à un barbecue olé olé où vos personnages haut en couleurs deviennent des potes avec qui on aime boire un verre de rosé frais et partager d’amusantes anecdotes. Oui, cher Romain, vous avez le don de mettre votre lecteur à l’aise, de lui offrir des livres habités d’affriolantes aventures, de piment, de réflexion, de sensualité et surtout de tendresse, d’énormément de tendresse.

          Malgré les extraordinaires rebondissements qu’ils vivent, malgré leurs talents de magiciens, – qu’ils soient fakir, empereur, policier, factrice, danseuse au Moulin Rouge, aiguilleur du ciel, djihadiste, suprémaciste blanc… – vos personnages conservent une simplicité et une humanité qui émeut et qui ravit. Joyeusement loufoques, ils sont aussi profonds et, avec des mots simples, malgré les sourires qu’ils éveillent, ils nous renvoient à ce qu’il y a de lumineux en nous, à ce qui fait du bien, à la vie.

          Votre merveilleuse petite Zahera et votre Providence de haut vol, votre Napoléon décongelé, votre simpsonienne Agatha Crispies, votre incroyable fakir sont chacun un délice de finesse, de profondeur et d’amour. Rares sont les livres fleuris d’humour, plus rares encore les romans intelligents qui, sans nier l’obscur et la misère, regardent le monde en beau et offrent avec brio de ressentir les autres avec davantage d’empathie. Comme Rachid, le kiné, vos personnages « sentent bon l’humanité et la galette de pain frais » : ils offrent, chacun à sa manière, un peu plus de cœur dans la frénésie de notre monde et vous permettent de parler, avec légèreté, des pires horreurs de notre époque : puissent les politiques s’inspirer de vos pages pour dézinguer le terrorisme sans tuer personne, puissent-ils avoir l’intelligence de votre empereur pour pénétrer l’âme des méchants !

          On se régale au fil des péripéties que vous faites vivre à vos héros, mais votre humour, parfois aussi délirant que votre imagination, ne perd jamais de vue qu’il faut donner du sens à ce que l’on entreprend, que l’amour est la plus belle aventure humaine et que le respect de l’autre et des différences permet de construire une planète plus solidaire.

          Amoureux des livres et des écrivains, vous ne perdez jamais de vue que la littérature est belle lorsqu’elle ne se prend pas la tête et qu’un auteur n’est grand que lorsqu’il n’emmerde pas ses lecteurs avec ses problèmes de constipation mentale. La littérature, c’est comme la vie, un cadeau, et vous invitez chacun à en profiter un max en insistant sur tous ces petits riens qui transforment le quotidien. Vos personnages « terrestres-extra », « ceux dont l’ennemi n’est pas né », deviennent des amis, donnent la pêche, appuient sur la détente (pas la gâchette !) de la tendresse et nous convient à mettre la joie au menu plutôt que la morosité.

          Merci, ami Romain, d’être de ces auteurs qui ne se prennent pas au sérieux tout en offrant à leurs lecteurs des livres heureux, généreux et somptueux, des romans à croquer et qui font tant de bien !

 

Frank Andriat

Romain Puértolas,
L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea,
La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la Tour Eiffel,
Re-Vive l’Empereur,
Tout un été sans Facebook

sont disponibles en Livre de Poche ou aux Éditions Le Dilettante.

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