Véronique OVALDÉ

Chère Véronique Ovaldé,

Pour entrer dans le cœur transparent de votre œuvre foisonnante, je déloge l’animal qui, en moi, est centré sur lui-même, je m’abandonne à votre joyeux talent et tout devient chantant, coloré, vivant, car vous créez, en une langue scintillante et pulpeuse, des univers poignants, sympathiquement vulgaires, sensuels et humains dans lesquels l’on se laisse embarquer avec un plaisir poivré où le sucre, pourtant, a également sa place.

Vous avez, chère Véronique, le sens de la géographie des corps.  Avec vous, je caresse ces êtres de sève que vous décrivez en jubilant, avec vous, je frémis en découvrant les tragiques destins de vos personnages, ces femmes pliées et cependant si attachantes, Rose, Irina, Vera Candida, Lili, Nikko, Vida, Paloma, ces hommes comme du mercure, qui traînent le poids de leur existence, Taïbo, Jeronimo, Yoïm, Adolfo, Itxaga, Lancelot, Bayer, je frissonne en visitant les lieux perclus et chatoyants où ils survivent, Lahomeria, Koukdjuak, Irigoy, Camerone, Milena, oui, avec vous, car vous savez, en un souffle étonnant, entraîner votre lecteur sur les chemins des rêves les plus fruités.

Rien de ce qui semble bassement humain ne vous est étranger et, cependant, toutes ces misères et ces galères prennent sous votre plume une dimension ailée.  Vos livres sont des symphonies délurées qui invitent à de terribles voyages et votre langue, ce don que vous avez de faire chanter les mots, envoûte, toutes choses scintillant parce que vos phrases ont un goût de mangue qui fond dans la bouche.

Parisienne dans la vie, vous êtes, chère Véronique Ovaldé, une tropicale amie et vos romans, même lorsqu’ils s’en vont dans les pays où l’on grelotte, ont une saveur de cacao et de cannelle.  Vous lire me convainc que les hommes et les femmes en général vous plaisent beaucoup : vous les créez si proches de leurs fragilités, de leurs angoisses et de leurs doutes sans oublier que, même s’ils ont des vies d’oiseaux, ils sont aussi, chacun d’eux à leur manière, des mythes fondateurs, des créateurs de lignées fantastiques, si proches de certains personnages de Gabriel Garcia Marquez, votre cousin en écriture.

Libres de vivre et prisonniers de leurs existences menottées, les habitants de votre œuvre m’interpellent et me touchent, car, enrobés de saveurs rococo, ils me ramènent toujours vers ce qui, au fond de moi, dit mon humanité et mon envie d’être heureux malgré les fauves qui rôdent et les blessures du quotidien. Merci, chère Véronique, pour vos écrits fragiles et forts comme les gestes de l’amour.

Frank Andriat

 

La plupart des titres de Véronique Ovaldé sont disponibles en J’ai Lu.

Elle est éditée par les éditions de l’Olivier.

Photo : © Benjamin Chelly

Posted in Coup de cœur. RSS 2.0 feed.