Pourquoi avez-vous écrit des livres avec vos élèves ?

Parce que j’essaie, comme je le peux, de rendre mon cours le plus vivant possible. Pourquoi ne pas faire profiter les élèves des ouvertures que j’ai en tant qu’écrivain ? Il est plus stimulant de réaliser un travail en sachant que celui-ci sera mis en valeur, sera édité, sera lu. Et ça invite aussi à beaucoup plus d’exigence ! Avec des projets pareils, le monde un peu fermé de l’école se confronte au réel. Il ne s’agit plus seulement d’obtenir une bonne cote, il faut aller au-delà. Lors de la rédaction du Petit Alphabet de la démocratie, je me souviens que mes élèves ont été très refroidis lors de leur première rencontre avec l’éditeur qui leur a gentiment expliqué qu’il attendait d’eux qu’ils soient plus vrais, plus profonds. Ils ont compris qu’il s’agissait de faire un travail qui dépassait l’univers de la classe et que ce qu’ils écrivaient serait lu par des milliers de personnes. Chacun de ces projets est un pari : quand, au début de l’année, nous nous y lançons, nous ne savons pas si nous réussirons à arriver au bout. Ça met de la vie dans la classe, la monotonie disparaît, les élèves apprennent à se battre pour un objectif commun, ils apprennent à s’écouter, à s’entendre, à vivre ensemble. C’est souvent une façon pour eux d’apprendre à se montrer plus solidaires. L’école débouche sur la vie, sur l’échange sans pour cela ne plus avoir d’exigences ! Au contraire ! Et pour moi, en tant que prof, c’est également stimulant.

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