Grégoire DELACOURT

GD

      Mon cher Grégoire,

      Pour réparer un enfant abusé, il faut beaucoup de courage, de clairvoyance et d’amour. Il faut des mots justes, des mots-lames, des mots chirurgicaux à la fois audacieux et sensibles qui se faufilent jusqu’à l’origine du mal et l’extraient, des mots sans complaisance aucune qui apprennent à vivre de nouveau et à rire.

      Votre livre est une claque, un chef-d’œuvre de lucidité et de justesse. J’ai pleuré en le lisant. Ce récit, qui éclaire chacun de vos romans, est un insoutenable chemin de croix, une rencontre avec les ombres, avec l’agression de votre innocence, avec l’assassinat de l’enfant que vous étiez, avec vous, l’adulte détricoté.

      Vous êtes d’une bouleversante honnêteté et vous montrez que, lorsqu’on a le dégoût de soi, on devient souvent dégoûtant avec les autres. On ne peut donner que ce qu’on a reçu. Votre père fut indigne et vous le fûtes aussi en diverses circonstances. Pourtant, mon cher Grégoire, les mots vous ont sauvé, vous ont permis, au fil de vos romans, d’aller à la rencontre de l’indicible et d’oser enfin lui faire face : « la fiction, ce mensonge qui dit la vérité » vous a offert de présenter, petit à petit, à l’adulte que vous êtes devenu l’enfant qui fut abusé. Dans la chambre d’une demeure bourgeoise de Valenciennes. À cinq ans. En pleine période de Noël.

      Au fil de vos pages, celui qui a été tu, celui qui a été tué par un ogre se libère du silence et apprend à accueillir sa douleur pour enfin cesser d’en mourir. Il tire de lui ce père qui l’a tiré, il retrouve sa mémoire essartée. Il apprend à aimer pour plutôt qu’à aimer contre. Il apprend à faire partie des hommes. Il apprend que la laideur de l’autre ne l’a pas rendu laid lui-même. Au fil de vos mots, la chair violée se fait verbe et se répare. Au fil de vos phrases, cher Grégoire, l’enfant sort des ténèbres et apprivoise son humanité.

      Souvent, celui qui a été blessé se durcit et se blesse ainsi plus encore. Il vit aussi en blessant les autres parce que la tristesse engendre de l’inhabité. Il cherche l’ivresse de vivre dans les excès, dans le sexe, dans le vin, dans tout ce qui apporte l’oubli. L’amour est la seule solution à l’amour qui nous a manqué. Dans votre livre, vous montrez combien la clairvoyance libère et permet de retrouver l’émerveillement et la tendresse. Vous découvrez combien l’on peut se mentir pour ne pas crever et combien il est bon de prendre conscience que l’on s’est trompé : oui, Grégoire, au sein même de ses silences parfumés au tabac mentholé et malgré le malheur qui la mangeait, votre maman vous a aimé et a tout entrepris pour vous tenir loin du monstre, pour vous sauver.

      Avec cet époustouflant récit, vous avez ouvert la tombe de votre enfance, vous avez osé vous rencontrer, vous avez affronté la honte, vous avez cessé d’être le petit gamin sûr de lui qui se donne le beau rôle. Avec un exceptionnel courage, qui me laisse pantois, vous avez rédigé la liste de votre vie.

      Merci infiniment, mon cher Grégoire. Votre récit, porté par une écriture affûtée et puissante, va sauver les enfants morts qui survivent dans l’oubli et dans le déni. Il va ouvrir des larmes et libérer les cœurs. Cette fois, en éclairant la nuit, vous avez vraiment écrit, avec immensément d’amour, « un livre qui fait du bien ».

      Je vous embrasse,

Frank Andriat

Grégoire Delacourt, L’enfant réparé, Grasset, 2021.

      Cher Émile Delacourt, cher Grégoire Zola,

      Ce 19 août 2020 est un beau jour couleur d’orange : votre nouveau roman tout en colère et en nuances vient de paraître. Il est un superbe cadeau à vos innombrables lecteurs. Merci pour votre livre lanceur d’alerte, pour votre histoire qui peint férocement la bête humaine, qui parle des petites gens avec une incroyable dignité et une empathie respectueuse et inspirante. Comme chaque fois, votre belle écriture fluide, racée et poivrée défend la vie : il est triste qu’en 2020, on doive reprendre le combat d’un Zola, il est triste que notre société, avec un égoïsme parfaitement assumé, crée des pauvres, de la révolte et des orages, il est triste que vous deviez pousser ce cri émouvant pour qu’au-delà des brisures, nous retrouvions notre humanité perdue.

      Puisse, Grégoire, votre roman se retrouver – comme d’autres de vous le furent – sur la table de chevet de Madame Macron, puisse-t-elle le faire lire à son Manu, même s’il ne sera pas content de découvrir certains passages de votre histoire, puisse votre livre faire réfléchir ces nantis coupés de la vraie vie, puisse-t-il les toucher surtout, les ramener à se pencher sur la détresse de tant de personnes qui, comme votre Pierre, veulent « juste une vie juste », rien d’autre, rien que ce que Zola demandait déjà, un peu d’égalité, un peu de solidarité, un peu de fraternité, un peu de ces valeurs que la France défend dans les mots plutôt que dans les faits.

      Mais votre roman n’est pas un pamphlet, votre roman n’est pas que fureur, il est surtout tendresse et amour. Djamila, Louise, Geoffroy humanisent les désespoirs de Pierre et de ses potes et la connerie assassine de Bakki et Lizul. Le naturalisme de certaines scènes et leur violence s’apaisent au contact de celles et ceux qui, en vos pages, voient la vie en beau, apprivoisent la mort, enlacent les mourants et trouvent, même dans la survie, de quoi bénir et espérer encore. Je n’oublie pas votre merveilleux Hagop Haytayan et le coin de paix qu’il a créé, je n’oublie pas votre Aurélien fragile et fort comme un roseau et qui, avant de mourir, partage avec Louise une merveilleuse histoire d’amour, je n’oublie pas votre étonnante capacité de décrire le chemin de caresses auquel Geoffrey s’ouvre grâce à l’amour de Djamila, je n’oublie pas ces fragilités que vous transfigurez grâce à des mots d’une immense justesse.

      Lorsque vous écrivez, mon cher Grégoire, vous aimez et c’est ce qui fait le succès de vos livres. Vous fréquentez vos personnages au plus profond d’eux-mêmes et vos lecteurs viennent à vous, avides, parce que vous leur offrez ce que, souvent, de la vie, ils ne perçoivent plus. Vous les ressuscitez : dans vos chapitres colorés, vous dites les mouvements d’âme de chacun, vous rejoignez « ces femmes qui sont le cœur du monde », notre Terre qui souffre et nos rêves, Grégoire, ceux d’une existence couleur d’orange dont seuls les enfants et la pureté peuvent tracer les lisières.

      Malgré le noir absolu, la lumière veille et, même s’il enfile souvent un gilet jaune, votre roman arc en ciel retrouve, au fil des pages, des couleurs qui apaisent et qui libèrent. Malgré la folie de certains, malgré leur cruauté, il faut croire en l’homme, en sa capacité de poésie, oui, cher Grégoire, et il faut y travailler sans relâche car, comme vous l’écrivez, « la vraie rime d’amour, c’est chaque jour. » Votre superbe roman est un hymne tendre et vigoureux à la poésie qui nous libère de nos angoisses, de nos prisons, de nos peurs et de nos noirceurs. Merci, mon bel ami, de rejoindre Aragon pour nous rappeler « qu’un jour viendra où les gens s’aimeront. » Pour mettre votre texte remarquable en lumière, j’aimerais, Grégoire, que, cette année, il soit pour vous le Prix Goncourt.

Frank Andriat

Grégoire Delacourt, Un jour viendra couleur d’orange, Grasset, 2020.

      Mon cher Grégoire,

      Comme les mots semblent pauvres quand il s’agit de parler de votre nouveau roman, Mon Père ! Comme ils paraissent boiteux alors que vous avez tout dit. Votre livre est une fleur qui brise le béton du silence, un cri d’amour, un cri de père, une larme, une parole vive et capitale « car c’est dire qui permet d’être à nouveau au monde ».

      Jamais encore, dans votre œuvre vibrante d’humanité, vous n’êtes allé aussi loin dans l’absence : absence de tout, de vie, d’amour, de tendresse, de proximité, d’accueil et d’ouverture. Votre livre est violent, glaçant, douloureux, incisif, salutaire : il nous projette dans les ténèbres, il dépeint, avec un réalisme cru, l’obscur de l’être humain quand il se transforme en prédateur, l’obscur des institutions – l’Église, la Justice – quand elles n’ont d’autre but que de protéger leur pouvoir, l’obscur de chacun de nous qui préférons si souvent fermer les yeux et nous taire plutôt que de nous révolter face à toutes les injustices et à toutes les horreurs.

      Mon Père est votre livre le plus fort : il vient du fond de vous, de ces déchirures d’enfance que nous vivons tous et qui déconstruisent notre âge adulte, il vient de la peur d’être abandonné, de la peur de ne pas être aimé, de la peur de vivre et ces infirmités-là, cher Grégoire, viennent d’un manque de père ou d’un père manqué. Oui, « on finit par devenir ce que nos parents ont de cassé en eux ». Vos émouvants personnages sont des branches sans tronc, des arbres sans racines, des femmes et des hommes qui, chacun à leur manière, recherchent désespérément la confiance d’aimer. Tous dérapent : Édouard dans la colère et la soif de vengeance, Nathalie dans la fuite amoureuse, le père d’Édouard, crevant d’être le boucher de sa sensibilité, sa mère qui croit que Dieu est une béquille qui vous permet de marcher mais qui peut aussi vous battre et ces pauvres prêtres salopards qui enculent des mômes parce qu’ils crèvent d’être aimés.

      Soumission, lâcheté, actes manqués, aveuglement, vengeance, colère, pardon : avec un talent époustouflant et une bouleversante justesse, vous décrivez, alternant fureur et tremblement, l’homme dans ses fragilités, dans ses égarements et dans sa misère. Les médias pointeront sans doute votre dénonciation du silence de l’Église face au drame insoutenable de la pédophilie : sans que vous l’ayez cherché – parce qu’un tel livre est le fruit d’années de retournements intérieurs –, votre roman est dans l’air du temps. Cependant, il va beaucoup plus loin : il rend hommage à tous les innocents massacrés par la folie des hommes, il hurle l’obligation de nommer la honte et de citer, comme vous le faites, le nom des victimes : il faut faire mémoire et faire revivre, mettre à nouveau au monde, celles et ceux que la perversité de quelques-uns a tués, les rendre à leur dignité. Ni la justice, ni les pardons en sucre de l’Église, ni les promesses en plastique ne répareront ces vies lacérées. Pour sauver le monde, vous l’écrivez dans chacun de vos livres, cher Grégoire, il faut aimer et dire, jusqu’à hurler, sans concession aucune, les égarements, les chutes, les fautes, les blessures. « Ce monde ne sera guéri que lorsque les victimes seront nos Rois ».

      Rien n’excuse le bourreau de votre Benjamin, rien n’excuse ceux qui ont construit le terrible silence qui enveloppe Isaac jusqu’au mutisme, rien n’excuse l’Église quand elle soumet l’homme à son image, rien n’excuse l’homme quand il se sert de Dieu pour baiser l’innocence. Dans Mon Père, votre Verbe s’est fait Chair, mon ami, et j’ai bu jusqu’à la lie le sang des enfants torturés que votre plume brûle de sauver.

Frank Andriat

Grégoire Delacourt, Mon Père, Jean-Claude Lattès, 2019.

      Mon cher Grégoire,

      Une fois de plus, vous m’avez ravi. J’imagine d’ici toutes les femmes que vous rendrez heureuses avec votre nouveau roman, toutes celles qui frissonneront de savoir – parce qu’en vous lisant elles le vivront de l’intérieur – que vieillir n’est pas un drame, mais, comme vous l’écrivez, une victoire. J’imagine leur émotion de lire les mots d’un homme qui a la délicatesse de l’amour, le sens de l’autre et celui des relations qui se construisent. Le regard que vous portez sur vos semblables est empli de grâce et de respect, d’une profonde tendresse aussi, et vos mots se lisent avec un sourire. Avec tant de plaisir.

      Votre roman est vrai : il parle de ces mensonges que l’on se fait à soi-même et que l’on fait aux autres par peur de mourir, par peur de cesser d’être aimé, par peur de la solitude. Ce rêve entretenu par tant de femmes (cesser de vieillir) et par tant d’hommes (trouver une nouvelle et jeune femme pour ne pas se rappeler qu’ils vieillissent) est une chimère qui détruit l’amour. Votre Betty qui reçoit cette jeunesse éternelle perd aussi tout : la vie réelle qui creuse sur nos corps des chemins de tendresse et qui ouvre en nos cœurs la douce conscience de notre finitude.

      Merci, Grégoire, cher Grégoire, merci vraiment. En ces temps où l’on consomme de plus en plus ce et ceux qui nous entourent et où briller devient un but en soi et plus la conséquence d’un talent, votre roman rappelle que nos fissures et nos fragilités nous rendent humains, profondément humains. Vos personnages sont justes : Odette et sa peur de l’abîme, Fabrice et son envergure de poulet, André, merveilleux chêne de justesse et de paix, Long John Silver comme un éclat de verre, Françoise, béquille du monde, Paule comme une flamme éphémère, Michel le poignard, Sébastien, un bouquet bienveillant, et Martine-Betty, surtout, celle qui, pour retrouver l’amour, choisit opportunément de vieillir… Et les autres, chacun de ceux à qui vous donnez voix. Je voudrais écrire les émotions qu’ils ont éveillées en moi, je voudrais dire leurs lumières et leurs ombres : vos personnages, mon cher Grégoire, sont des personnes. Ils sortent de vos romans et nous rencontrent. Ils sont si vivants que nous n’avons pas le choix : nous les aimons, ils nous transpercent et nous conduisent vers ce qui, en nous, est le plus sensible.

      Il existe de très beaux livres écrits avec la tête, des textes vibrants et malgré tout souvent un peu froids. Vos romans, eux, viennent du cœur et, s’ils sont intelligents, ils demeurent chaleureux. Vous n’écrivez pas l’humain en l’analysant, vous l’écrivez en le chantant. Votre style n’est jamais, cher Grégoire, au service de la pédanterie : il accompagne l’humanité et la pose dans la lumière. Merci pour ces phrases qui laissent le cœur en suspens, merci aussi de n’être pas bavard, d’aller à l’essentiel et de lancer vos flèches avec justesse. Merci enfin d’être un infatigable écrivain du bonheur. Même si, comme vous l’écrivez, « il est un invité fantasque et qu’il quitte parfois la table, sans prévenir, sans raison », vous, cher Grégoire, ne vous lassez jamais de l’inviter, encore et encore, au fil des pages de vos si beaux romans qui, sans nier les ombres et les accrocs de l’existence, offrent à vos lecteurs et à vos si nombreuses lectrices de vieillir avec vous, sans avoir peur, parce que, à l’instar de Dana qui vous éclaire, vos mots rendent immortelles les jolies choses de la vie.

Frank Andriat

Grégoire Delacourt, La femme qui ne vieillissait pas, Jean-Claude Lattès, 2018.

      Mon cher Grégoire,

      J’aime vos livres, j’aime l’humanité qui les habite, j’aime les battements de mon cœur que vos mots réveillent et la tendresse au fond de moi qui prend son envol lorsque je lis vos lignes.

      J’ai dansé, mon cher ami, j’ai dansé avec Emma, dansé au bord de l’abîme. Jusqu’au bonheur et au vertige. Comme elle, je me suis laissé vivre, je me suis abandonné à ce réel si fort qu’on croit qu’il est un rêve, à ce coup de poing dans l’estomac qui projette dans la galaxie des sens et du désir, à vos petites phrases, comme des perles, qui arrêtent le regard du lecteur, mettent son mental sur pause et, avec grâce, le conduisent vers ce qu’il y a de plus secret en lui. Je crois que l’on trébuche amoureux à cause d’une part de vide en soi. Un espace imperceptible. Une faim jamais comblée. Depuis votre premier livre, vous êtes, Grégoire, l’auteur de nos faims jamais comblées. Vous dites, avec une merveilleuse humanité féminine, nos manques et nos fêlures. Sans les pointer du doigt, sans les juger, en les observant avec l’amour d’une mère qui regarde son enfant, avec un inaltérable sens du pardon, avec une vérité mordante aussi qui ne fait abstraction ni du délire, ni de la cruauté.

      Votre Emma est bien plus qu’une Emma Bovary parce qu’elle, au moins, réussit à se décentrer d’elle-même, à se tourner vers l’autre. Son désir trébuche dans la mort, mais se reconstruit dans l’amour. Votre roman sans concession a le sourire du Dormeur du Val : il est un trou de verdure où chante une rivière. Étonnamment, malgré la maladie, la mort, les déchirures, les trahisons qui l’habitent, il est résolument un roman d’espérance, il est le roman du Oui, de l’ouverture, de l’accueil, il est un livre de bonheur. Nous dansons avec vous, cher Grégoire, nous tourbillonnons, nous frémissons, nous sourions, nous désirons. Jusqu’au vertige.

      Et jamais Blanquette, la petite chèvre de Monsieur Seguin, n’est loin. Quelle merveilleuse trouvaille ! Elle m’a ravi. Votre roman, cher Gringoire, poète lyrique à Paris, placé sous la lumière douce des mots d’Alphonse Daudet ! Il suffit de peu de lignes pour parler de votre livre. L’éditeur l’a compris. C’est l’histoire de Blanquette, quarante ans, mariée, trois enfants, heureuse, qui croise le regard d’un homme dans une brasserie. Aussitôt, elle sait. Et elle court vers la liberté, folle et courageuse, même si elle devine que le loup la mangera. Peu importe, elle aura vécu, elle aura pris un risque et elle aura ainsi offert de la vie autour d’elle.

      Merci, Grégoire, merci du fond du cœur. Dans ce roman du quotidien bouleversé, il n’y a pas qu’Emma. Il y a sa mère, ses enfants, son mari, Caroline, le cancer. Il y a les lèvres d’Alexandre, la brasserie André, Mimi Pomme de pin et la route des vins. Vous n’êtes avare ni de précisions, ni de dégustations. Votre livre est une fête. Vos pages murmurent le bonheur manqué et nous invitent à nous mouiller, à oser. Comme Blanquette. Le présent est immense, et c’est là qu’il faut aller. L’important est de savourer chaque instant, de vivre malgré nos nuits et nos fragilités, de tenir jusqu’à l’aube. Pour mieux et toujours plus aimer.

      Emma aima. Tout est dit.

      Je vous embrasse, mon cher Grégoire, et j’attends, avec une souriante impatience, votre prochain livre.

Frank Andriat

Grégoire Delacourt, Danser au bord de l’abîme, Jean-Claude Lattès, 2017.

      Mon cher Grégoire,

      Avec vous, chaque fois, pour notre bonheur, il s’agit d’amour, d’immenses amours simples, d’immenses amours fragiles, d’immenses amours qui nous parlent et qui nous ressemblent.

      Vous n’avez que faire de ces livres qui s’emprisonnent dans des manteaux d’autosuffisance au point d’en devenir insupportables, vous écrivez des romans du cœur qui ont la magie et la fraîcheur de la rosée du matin. Des livres qui font du bien et donc des livres importants.

      J’ai aimé le charme sauvage et doux de vos Quatre saisons de l’été. J’ai aimé la générosité du regard que vous posez sur l’autre et sur la relation entre les êtres. J’ai aimé ces Je qui s’enrichissent d’un Tu et qui tentent de s’offrir le meilleur. J’ai aimé ces personnes vraies que vous décrivez avec énormément de respect et beaucoup de grâce.

      Votre roman est une chanson exquise, mélancolique parfois, bouleversante toujours. Avec leurs ombres et leurs lumières, vos personnages ont la consistance délicate de chacun de nous. Votre histoire se construit petit à petit, comme un château de sable. Des liens se tissent qui surprennent pour arriver à un beau bouquet final qui dit l’amour comme un feu d’artifice sur la mer.

      Une nouvelle fois, vous surprenez. Une écriture allègre, une construction si différente de celle de vos ouvrages précédents. Au fil des pages, l’on sent que vous cherchez à nous faire plaisir. Vous nous prenez par la main, vous nous invitez à une promenade au cœur de quatre destins qui auraient pu ne jamais se rencontrer, quatre destins qui nous ressemblent, qui nous rassemblent. Ne sommes-nous pas chacun un peu Victoire, Louise-Monique, Rose, Jérôme et les autres fleurs de votre bouquet de personnages  qui tentent, au fil des jours, de vivre le moins mal (et parfois le mieux) possible ? Ne cherchons-nous pas, au Touquet et sur toutes les plages du monde, à vivre de beaux étés malgré les hivers du quotidien ? Ne nous retrouvons-nous pas souvent avec, dans le cœur, une impression de fin de monde ?

      Sans oublier les fêlures du réel, votre roman est bienfaisant et, même s’il fait sourire moqueusement ceux qui croient que la littérature est faite pour eux plutôt que pour ceux qui la lisent, il m’a offert un terrible moment de bonheur. N’est-ce pas le plus précieux, le plus savoureux ?

      J’ai hâte, Grégoire, hâte de serrer tendrement ma belle dans mes bras pour vivre, avec autant de fragilité et de pudeur que vos beaux personnages, une histoire d’amour réinventée et fleurie de lumière.

Frank Andriat

Grégoire Delacourt, Les quatre saisons de l’été, Jean-Claude Lattès, 2015.

        Cher écrivain du cœur, cher Grégoire,

      Je viens d’achever votre nouvelle perle, On ne voyait que le bonheur, et je tiens à vous dire combien votre écriture et votre sens de l’humain me touchent. Une fois de plus, vous allez à l’essentiel : à la vie dans ce qu’elle a de blessé et de fragile, à la vie qui, jour après jour, malgré les ombres, se tourne vers la lumière.

      Votre Antoine, votre Nathalie, votre Léon, votre FFF, votre Anna, votre Arginaldo, votre Matilda, votre Pascual et les autres sont de vibrants morceaux de nous : ils sont des personnes, pas des personnages et c’est ce qui crée leur force, des hommes et des femmes comme nous, « pleins de larmes » et de multiples joies, pleins de cette vie que nous nous efforçons de rattraper parce que, sans cesse, elle nous échappe.

      Vos romans, cher Grégoire, sont reliés par cette force du quotidien que nous bâtissons comme nous le pouvons, pas comme nous le voulons : vous osez, avec courage et réalisme, ouvrir nos valises de chagrins, les fouiller, vous osez descendre en nos obscurités pour tenter, avec la magie d’un sage maori, d’en remonter avec une goutte de lumière.

      Cher frère humain, cher ami, vos livres comme « des bougies dans des verres dessinent des chemins d’âmes » et deviennent des compagnons, des moments de clarté pour les lecteurs qui les fréquentent. Vous offrez du bonheur sans nier l’horreur et les ombres ; même si la vie tue, vous avez l’audace et la générosité d’écrire des histoires rédemptrices.

      Vous racontez nos larmes, cher Grégoire, mais vous montrez aussi, avec une touchante délicatesse, combien nos vies en valent la peine. Vous dites l’enfer des familles et des couples sans les juger, en accordant toujours à chacun, le bénéfice du doute. Si j’avais été à sa place, aurais-je fait mieux que lui ? Sans cette question, nous ne pouvons pas commencer à pardonner.

      Avec une grâce subtile, vous vous interrogez, vous nous interrogez sur le manque d’amour. C’est le fil de chacun de vos romans. Pourquoi aimons-nous aussi mal, pourquoi sommes-nous si mal aimés, pourquoi le bonheur s’imprime-t-il sur les photos du passé ou dans les rêves du futur, mais si peu dans notre présent ? Pourquoi l’amour qui sublime tout pleure-t-il devant les angoisses, la violence et la haine ? Pourquoi la beauté, la première chose qu’on regarde, est-elle si souvent réduite au désir qu’on a de posséder l’autre et de le transformer en une ligne de la liste de nos envies ?

      Comme Dana « qui est l’encre de tout », vous nous faites « chaque jour le cadeau d’un lendemain » et c’est pour cela que vos livres connaissent un si beau succès. Parce qu’ils nous rencontrent, cher Grégoire, parce que, comme de vrais amis, ils nous serrent la main en nous regardant dans les yeux, parce qu’ils nous aident à oser nous fréquenter.

      Je vous remercie de tout cœur. Pour votre humanité fragile et vraie. Pour votre écriture qui danse et qui émeut, pour les questions justes et simples que vous posez et pour l’immense amour dont vous habillez chacune de vos phrases. Pourquoi il pleut, Grégoire ? Je vous jure que ça me fait un bien fou quand, avec un sourire, vous me répondez.

Frank Andriat

Grégoire Delacourt, On ne voyait que le bonheur, Jean-Claude Lattès, 2014.

L’Écrivain de la famille, La liste de mes envies, La première chose qu’on regarde

sont disponibles dans Le Livre de Poche.

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