Caroline LAURENT

          Chère Caroline, chère Évelyne,

          Je suis ému, profondément touché par la belle aventure que vous avez vécue, je suis illuminé par votre amitié, par votre humanité, par tout l’amour et par la vérité qui habitent votre livre. À vous, Évelyne – même si vous n’êtes plus là pour me lire – je dois dire un immense merci pour votre vie, vos engagements, vos combats, votre sincérité : votre histoire rencontre celle de la France qui a été grandie par des personnes de votre cran et de votre talent. Merci, Évelyne, d’avoir libéré la voix et le corps des femmes, d’avoir élargi le cœur des hommes : votre témoignage est plus qu’une biographie, plus qu’un retour vers le passé : il est, de page en page, une marche vers l’avant, vers l’espérance et vers un avenir qui chante. Merci d’avoir donné du cœur aux idées de gauche, merci de les avoir incarnées dans votre quotidien. Durant votre existence de femme d’action, vous vous êtes investie bien au delà des mots : vous vous êtes colletée avec l’âpreté du vivant, avec une détermination heureuse et avec beaucoup de tendresse. C’est sans doute celle-ci qui vous a rapprochée de Caroline, votre « éditrice-garagiste », impliquée, enthousiaste, bouleversée, bouleversante. Votre ouverture commune a créé un duo de lumière et de feu et a permis un livre que le lecteur ne lâche pas.

          Chère Caroline, quel superbe travail vous avez réalisé ! Outre la prouesse intellectuelle d’achever l’écriture d’un manuscrit orphelin de son auteure, vous avez réussi une émouvante aventure humaine. Votre franchise m’a touché, votre fragilité avouée au fil des pages, votre brûlante envie d’aller au-delà de vous pour offrir à l’autre un roman lumineux, à Évelyne, votre amie disparue, mais à vos lecteurs aussi à qui vous donnez, sans le chercher, une merveilleuse leçon d’empathie, d’intelligence et de générosité. Malgré votre différence d’âge, l’écriture d’Évelyne Pisier et la vôtre se sont rencontrées, vos murmures et vos indignations se sont épousés : la femme née en 1941 et celle née en 1988 se confondent, sans cependant fusionner, restant l’une et l’autre, elles, libres, belles et sincères.

          Et soudain, la liberté peut se lire comme un reflet de l’Histoire, un témoignage brillant et palpitant sur la hargne de vivre, malgré les dérives des hommes, malgré les déceptions, malgré les tromperies et les guerres. Un beau roman, où réalité et fiction se rejoignent habilement dans un style fluide et enveloppant : rien que pour cela, il serait un coup de cœur. Mais, chère Caroline, votre livre à quatre mains est quelque chose de plus qu’un livre et c’est ce qui le rend tellement précieux : il est une évidence, une rencontre, un partage, une transmission, une libération de la parole. J’ai le sentiment que vous vous êtes rencontrée en écrivant l’histoire d’Évelyne, que vous vous êtes construite en réalisant cette œuvre. La merveilleuse alchimie née entre Évelyne et vous est génératrice d’un autre « miracle » : la lecture de votre livre transforme son lecteur, le renvoie à son essentiel à lui, à sa lumière.

          Merci, chère Caroline, de nous montrer que vivre, c’est accepter, recevoir et donner. Votre amitié avec Évelyne est une lumière pour ceux qui l’accueillent, votre sens de l’humanité construit et votre double voix de femme donne à l’homme que je suis une splendide leçon d’amour et de courage. Évelyne Laurent et Caroline Pisier, merci de m’avoir offert de rencontrer vos vies !

 

Frank Andriat

Évelyne Pisier et Caroline Laurent, Et soudain, la liberté, Les Escales, 2017.

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