Eduardo BERTI

foto Eduardo Berti

            Cher Eduardo Berti,

            Vous êtes Argentin, vous vivez à Madrid, mais c’est la Chine que vous chantez dans votre dernier roman, la Chine d’avant, des années trente, une Chine imaginée et tellement touchante.

            Votre livre, comme une aquarelle, est d’une douceur enivrante et il conduit son lecteur sur des chemins émerveillés. Avec une grâce presque céleste, comme cet Empire que vous décrivez, vous réussissez à inviter au rêve, au rêve de l’amour sans jamais quitter le réel.

            Votre plume est vive, alerte, vraie et ne cache rien des tressaillements intimes de vos personnages, mais, cher Eduardo, elle a aussi une légèreté ailée qui envoûte et qui charme. Pictural, votre roman est aussi musical, un peu comme un murmure chanté dans une vallée sous la brume du matin.

            Tout, dans votre écriture et dans les personnages que vous faites vivre, est délicat. Ling et Xiaomei sont irrésistibles, amies et complices, poétesses sereines de l’instant présent. Vous décrivez leur vie avec tant de respect !

            Votre roman emporte ; on l’aime d’une passion soyeuse et vous réussissez à le faire chanter en l’âme de son lecteur. L’oiseleur aveugle, le parc aux rendez-vous murmurés, les transactions autour des mariages arrangés, la lenteur de la vie qui se savoure entre chacune de vos lignes… tant d’éléments qui, de façon harmonieuse, célèbrent la beauté.

            Cher Eduardo, vous êtes un écrivain plein d’élégance et, par la grâce d’une écriture habile qui peint ses vérités sur le papier comme sur un chemin de soie, vous offrez à votre lecteur non seulement une belle histoire, mais encore un temps d’arrêt. Celui qui se laisse embarquer dans votre Pays imaginé oublie le monde trépidant, entreprend un voyage dans le passé, pas simplement avec la tête, avec le cœur aussi et le corps car votre livre savoureux réussit la gageure d’entraîner dans le ressenti et dans la tendresse.

             Je vous remercie pour ce moment de grâce, pour cet instant d’éternité qui m’a offert de voyager au plus profond de moi. Je vous remercie pour tout l’amour rassemblé dans vos pages et pour la transparence fruitée qui s’en dégage. Votre roman a du goût et il se déguste. Votre roman a du cœur et il se laisse aimer. Votre roman conduit au silence et, pour cela, chaque mot en est précieux. Votre roman a une âme, une présence et il imprègne ses lecteurs de beaucoup de bonheur.

 

Frank Andriat

Eduardo Berti, Le pays imaginé, Actes Sud, 2013.

Traduit de l’espagnol (Argentine) par Jean-Marie Saint-Lu.

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