François ROBERT, Les lettres schaerbeekoises à Avignon, LE SOIR, 1 juillet 2008.

Une pièce de Frank Andriat, l’enfant de la cité des ânes et des artistes, se joue à la cité papale.

Les lettres schaerbeekoises à Avignon

Schaerbeek, cité des ânes, des artistes et des écrivains ! Depuis Thomas Owen cependant, la relève littéraire semblait mal assurée, en tout cas pour la notoriété.   C’était sans compter Frank Andriat.  Bien que né à Ixelles, un lien étroit attache l’auteur à sa commune adoptive. Plus de 30 ans d’écriture et pratiquement autant d’années d’ancienneté consacrée à l’enseignement à Fernand Blum (il y enseigne le français depuis 1980).   Cette complicité, cette connivence s’exprime jusque dans les titres de ses romans («Rue Josaphat»). Au total, une cinquantaine d’écrits.   Comme un métronome, il aligne ses textes. Les deux derniers viennent de sortir coup sur coup chez Grasset («Voleur de vies») et chez Bernard Gilson («Tout près de moi»).   Certes, Frank Andriat (50 ans pile) n’est pas encensé par la critique qui lui reproche son choix (la littérature pour la jeunesse, un art «mineur») et son manque de cynisme.   Mais qu’importe.   La consécration arrive là où il ne l’attendait pas : du théâtre.   Lui qui n’a jamais été une seule pièce !

Que s’est-il passé ?   Dans sa programmation, au cours du festival off d’Avignon, l’Art en Scène, un théâtre géré par la Belge Alain Tholl, propose, du 10 au 17 juillet, la version théâtrale adaptée par Richard Clément du dernier titre de Frank Andriat : «Tout près de moi». La pièce ouvre le festival dans le festival.   C’est sans doute le plus introspectif de ses textes, qui rompt avec sa production antérieure.  Une pièce à huis clos, rythmée, avec de superbes monologues. «Je ne m’y attendais pas. J’avoue que cela me fait plaisir de savoir que ce que j’écris est apprécié en France et se traduit sur les planches. Et à Avignon en plus».

Si les Français découvrent, cela fait longtemps que les élèves de Frank Andriat ne s’étonnent plus de la carrière de leur prof. Il fait partie des meubles. N’empêche : recevoir un cours d’un écrivain reconnu, ce n’est pas tout à fait la même chose.  Frank Andriat, après avoir usé ses fonds de culotte à Blum, transmet aux plus jeunes de Blum sa passion de lire et d’écrire.  Chapeau !   Alors, si vous passez à Avignon, entre le 10 et le 17, arrêtez-vous au théâtre «L’Art en scène». Un petit vent du nord va tiédir, rafraîchir la chaleur qui sourd des planches d’Avignon.

François ROBERT © Le Soir, 1 juillet 2008.

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