Les ados lisent… et écrivent
Si pas mal d’ados aiment lire, certains se lancent dans l’écriture… parfois un peu malgré eux. Récit d’une aventure littéraire.
Ils sont en 4ème année de secondaire à l’athénée Fernand Blum à Schaerbeek, et leur professeur de français, Frank Andriat, est écrivain. Ce dernier a consacré un cours en automne 2004 à la technique du récit. Quoi de plus logique (et intéressant) de demander ensuite aux élèves d’appliquer concrètement le cours en écrivant eux-mêmes un récit ! Le professeur complique un peu le devoir en donnant comme thème : «Moi». Les uns jettent sur papier quelques phrases en une heure, d’autres s’appliquent et pondent plusieurs pages. Monsieur Andriat, qui avait déjà une petite idée derrière la tête au moment de donner ce devoir, est agréablement surpris par la qualité des textes qu’il reçoit. Il décide donc de proposer à sa classe d’éditer ces récits sous forme de recueil. Le manuscrit est alors envoyé à l’éditeur Bernard Gilson qui accepte de publier ce livre. Commence alors un long travail de réécriture et d’aller-retour entre le prof et chaque élève afin d’obtenir des textes littéraires qui tiennent la route. Il faut ensuite trouver un titre (une élève pense au jeu de mot : «Emoi et moi»), une illustration pour la première page (un élève de 6ème propose des dessins)…
Si tous les textes n’ont pas une valeur égale bien sûr, tous les élèves de la classe sont présents dans le livre, sans exception. Certains, emballés par le projet, ont même écrit plusieurs récits. Et Frank Andriat, auteur de plusieurs romans à succès pour adolescents, s’est glissé parmi ses élèves pour nous livrer lui aussi un texte.
«Pour nous, ce livre est un défi, une expérience en plus qui nous a enrichis, explique Héloïse. Mais nous ne sommes pas des écrivains pour autant», ajoute-t-elle, les pieds sur terre.
Il en résulte un excellent ouvrage qui se lit avec beaucoup de plaisir. A travers les textes de ces ados, souvent surprenants, c’est une esquisse de la jeunesse actuelle qui se dessine. La mort, la séparation, la guerre, l’univers virtuel dans lequel on peut se perdre, l’abandon… sont autant de thèmes durs et noirs qui les inquiètent. Mais l’humour et l’espoir restent cependant présents dans ces écrits remplis d’émotions…
Françoise ROBERT, EN MARCHE, 19 mai 2005.