La forêt plénitude
Un livre dédicacé à Christian Bobin par Frank Andriat, avec gratitude, pour moi, rien de surprenant. Il y a comme une fraternité littéraire, poétique, spirituelle entre les deux hommes. Et cette ressemblance intellectuelle, cette inspiration simple et lumineuse, cette fraîcheur de sentiment, ce trésor de tendresse, assurément, on retrouve tout cela dans La forêt plénitude. La trame de ce court mais dense récit peut se résumer en quelques mots : Virginie, le jour de ses 18 ans, reçoit en cadeau d’anniversaire de son lointain oncle Louis un livre fabuleux, quasi magique, qui va l’inciter à quitter sa famille pour faire une retraite, seule, en pleine forêt, pendant quelques jours.
Le lecteur appréciera l’art du conteur qui s’émerveille devant une biche, un cours d’eau, le chant des oiseaux, le bruissement du vent. La prose est voluptueuse, on tressaille sous la caresse des mots, la sensualité se révèle soudain dans le ruissellement de la rivière : un cadre paradisiaque où le temps s’écoule avec nonchalance. Et puis, une cloche retentit. C’est l’appel inattendu et pourtant inconsciemment espéré. C’est la quête irrésistible qui se concrétise avec cette rencontre désopilante avec le frère François, ermite lui aussi, mais de profession, qui va catalyser la conversion de Virginie, tout en douceur mais profonde et radicale. La forêt a rempli son rôle initiateur, elle peut nous offrir maintenant sa plénitude.
Jean-Claude JAFFÉ, VOIX DU MIDI, 28 novembre 2013.