Jean-Jacques GUIOT, Reçois et marche de Frank Andriat, L’AVENIR DU LUXEMBOURG, 15 juin 2011.

Reçois et marche de Frank Andriat

«Reçois et marche», ça ressemble furieusement à un «Lève-toi et marche». La dernière pérégrination de Frank Andriat éditée chez Desclée de Brouwer a bien des accents mystiques. Andriat, auteur bien connu de romans de jeunesse, livre ici un second opuscule sur la vie. Pas de recette pour ce Monsieur Bonheur qui invite à marcher dans les pas de l’Intime, comme l’autre en nous. Méditation, introspection, cheminement, Frank Andriat s’interroge et convie à mettre notre quotidien trépidant sur pause. «Me poser; apprendre à stopper la roue qui tourne fou» et d’offrir un regard neuf : «L’homme a le luxe de pouvoir s’angoisser même si ça lui cause plus de tort que de bien». Un appel à la sagesse, à vivre autrement : «Être simple, lumineux et fragile comme un coquelicot au bord de la route». Et qui connaît le discret Frank sait qu’il vit ce qu’il écrit et écrit ce qu’il vit. Un intime monologue qui en devient dès lors vite conversation. Il y a de l’Emmanuel Mounier dans ses propos. Ciseleur de phrases qui marquent, il s’amuse avec les pronoms : «Je et Il deviennent un Nous, produit de la rencontre, une émanation du lien.» Un éloge de la fragilité, vécue comme une chance.

Le prolifique Bruxellois, devenu Gaumais de cœur, convie à s’accepter, à s’écouter. «Les mots sont souvent un sac de nœuds. Pour dire l’indicible, il faut se taire». Faire le vide et y mettre du silence. Faire un stop pour avancer. Avec le sens de la formule qu’on lui connaît : «Je ne peux pas recevoir dans l’abondance, je ne peux recevoir que dans l’abandon». Un livre pour la route des vacances ressourçantes : «Si elles sont trop longues, mes vacances finissent par m’ennuyer». Encore puisé dans son carnet de bord : «Le chemin est plus aisé s’il devient un lieu de rencontre, un moment d’ouverture où nous acceptons d’accueillir l’autre et nous nous enrichissons de sa présence». On vous en offre une dernière pour la route : «On n’est vraiment maître de soi que lorsqu’on reconnaît qu’on n’est maître de rien». Andriat est un sage.

Jean-Jacques Guiot, L’Avenir du Luxembourg, 15 juin 2011.

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