Un recueil de nouvelles de Frank Andriat
La fécondité littéraire de Frank Andriat est extraordinaire. Sa bibliographie ne cesse de s’enrichir. Il y a quelques mois, il faisait paraître un roman intitulé Monsieur Bonheur. Et voilà qu’il propose au public un recueil de dix-neuf nouvelles.
La nouvelle est un genre difficile. Parce qu’elle est un texte bref, elle exige une grande qualité d’écriture. La moindre fausse note heurte. Une grande richesse d’imagination est exigée. Ajoutons que la littérature française actuelle est loin de faire la fête à ce genre. Le meilleur auteur de nouvelles se nomme Daniel Boulanger, dont la puissance créatrice est exceptionnelle. Or, ce grand écrivain n’est guère connu. Frank Andriat a fait preuve d’audace en s’aventurant dans le domaine de la nouvelle. Il lui apporte sa qualité d’écriture claire et musicale, riche en images. Lire une telle prose est un plaisir roborant. Il y a aussi la grande variété d’inspiration. Ici, le cancer fait sa chose d’une jeune femme éblouissante qui s’achemine douloureusement vers la mort, ce dont souffre terriblement son mari. Il arrive que le fantastique soit frôlé. Sous le titre Le carnet, a été bâti un récit qui pourrait faire penser à un feuilleton d’autrefois, avec le style en plus. Il nous est révélé, en fin de nouvelle, que la vraie mère n’est pas celle qu’on croit. On est étonné de cette construction habile, mais proche de l’invraisemblable. Ailleurs, l’apparence de banalité qui, dans l’imagination d’un homme, provoque des rêveries tout au long de son existence. Et c’est La douce odeur des pommes, nouvelle qui donne son nom au volume.
La solitude se montre à plus d’une reprise. La mendicité surgit dans le TGV qui démarrera bientôt. Dans ce recueil, l’écrivain donne libre cours à son besoin de s’exprimer. Il reste un artiste. Et il fait apparaître des observations aiguës sur le monde qui est le nôtre.
Jean MERGEAI , L’Avenir du Luxembourg, 5 décembre 2003.