Maud SIMONNOT

©Audrey Dufer

Chère Maud Simonnot,

 

          Quel bonheur de se laisser enlacer par vos phrases délicates et sensibles qui ont le ciel et l’amour pour adresse ! Quelle joie d’écouter avec vous les bruissements de la nature qui habite vos mots odoriférants, colorés, magiques, sauvages ! Quel plaisir, Maud, de manger avec vous la nuit et les étoiles, de sentir battre le cœur du monde au fil des pages gracieuses et sensuelles que vous brodez de manière épurée !

          L’enfant céleste, votre premier roman, conduit son lecteur ému sur les chemins d’une mère aimante et d’une femme mal aimée qui traverse tous les sentiments avant de retrouver son centre et une douce plénitude. Vous osez le pari de la fragilité, votre livre est une dentelle précieuse : Mary se reconstruit malgré « le noir entre les lumières », Célian, son merveilleux enfant, est, en dépit de ses chagrins d’école, le fil qui la relie aux étoiles et à l’émerveillement.

          On vous lit et l’on rêve « d’îles plus vertes que le songe », comme l’écrit Saint-John-Perse, on vous lit et l’on voyage au-delà de soi, là où l’infiniment grand rejoint le cœur de l’être, loin des bruits du monde, proche du vrai, du savoureux réel, celui où les sens caressent l’âme, celui où le bonheur présent n’est plus un moment volé, mais une transparence, une évidence, un éclat de rire, une page d’amour.

          Votre roman, chère Maud, malgré le passé dévorant et la mélancolie, prend son lecteur par la main, comme une mère son enfant, et le conduit vers la confiance, vers le lâcher-prise, vers ces rivages où être heureux devient possible malgré les déchirures de l’enfance et les mots-couteaux de ceux qui abandonnent et n’offrent que de l’absence.

          Plus que l’histoire d’une femme hypersensible en cheminement, votre livre rend aussi un vibrant hommage à Tycho Brahe, prodigieux astronome, dans les pas de qui progressent vos personnages et qui les éclaire de ses rêves éveillés. Vous ressuscitez merveilleusement les morts, vous trouvez dans leurs vies ce qui les a fait vibrer : après avoir suivi, pas à pas, cœur à cœur, Robert McAlmon dans La nuit pour adresse, vous accompagnez dans ce nouveau livre, d’autres légendes, Tycho Brahe et Shakespeare, et vous réussissez le pari de transmettre, avec légèreté, délicatesse et simplicité, le fruit de recherches nombreuses et documentées.

          Votre roman est « une cabane au bord d’un lac, entourée d’oiseaux », chère Maud, un hymne vibrant à la nature. On s’y installe, on s’y repose et, où que l’on tourne les yeux, on trouve de quoi respirer, de quoi vivre. Il touche à l’enfance, il touche à l’amour, il touche à l’infini du ciel et, avec la délicatesse d’un peintre visionnaire qui pose des couleurs pastel sur le monde, il ramène à la tendresse, à l’apaisement, à la caresse qui fait l’amour avec amour et qui donne envie de vivre.

          Merci pour le magnifique cadeau, que vous avez offert à vos lecteurs en écrivant ce livre. Merci de m’avoir permis de retrouver en moi le petit tigre qui rêvait aux étoiles et au bonheur.

 

Frank Andriat

Maud Simonnot, L’enfant céleste, Éditions de l’Observatoire, 2020.
Maud Simonnot, La nuit pour adresse, Gallimard, 2017.

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