Chère Orianne,
Avec Après la vague, vous m’avez charmé, vous m’avez emporté, vous m’avez ému, vous m’avez rappelé qu’un vrai livre est avant tout un don. Votre roman est baigné de grâce : sans effet de manche, avec douceur et simplicité, au moyen d’une langue claire qui cultive l’essentiel, vous m’avez mené dans le creuset de l’émotion vive, celle où tout naît, celle qui s’émerveille, celle qui bénit et qui devient capable de dire merci.
Après la vague parle, avec délicatesse, sensibilité et profondeur, de la vie retrouvée, de la lumière de l’aurore qui nous rejoint après l’obscur, de la tendresse du sable chaud et de la caresse des vagues quand on a réappris à n’avoir plus peur de la force et de la violence de la mer. Vos personnages sont humains, profondément humains, blessés, tendres, violents, injustes parfois, en recherche de ces petits bonheurs qui construisent la vie. Au fil des pages et des mots, vous les accompagnez. Entre eux et vous, s’est établi un dialogue fait de respect et d’écoute réciproque. Max et Jade, le vivant et la morte, sont tous deux portés par votre plume habile.
Vous êtes, Orianne, une écoutante : s’ils participent à une histoire, vos mots, sans cesse, en lumineuses petites touches, sont le reflet d’une vie plus grande, habitée par l’intime, fragile. Vos mots ne sont pas bavards, ils sont des perles sur le chemin, des murmures prégnants. Vos personnages ne sont pas des marionnettes créées par un auteur plein de lui-même. Avant que vous ne leur donniez voix, j’ai la douce impression qu’ils sont devenus vos amis, à l’intérieur de vous, au plus profond, dans le silence.
Vous avez longuement et tendrement cheminé avec eux et c’est le fruit de cette rencontre que vous offrez à vos lecteurs en toute délicatesse. Au-delà de la belle histoire de reconstruction que vous racontez, vous proposez à celles et à ceux qui vous lisent de se rencontrer eux-mêmes : les questions de Max, ses défaites, ses colères, ses atermoiements, ses petites victoires sont aussi les nôtres. Comme lui, parfois, nous n’avons plus de mots, plus d’espérance. Comme lui, nous nous laissons submerger par la vague du néant et nous oublions que la vie nous attend toujours, au cœur même de nos fuites, sous la forme d’un coquelicot, d’une voiture en panne, d’une bonne sœur sur une route de campagne ou d’un souvenir que nous avons mal lu.
Merci, Orianne, de nous souffler que la vie est une promesse. Merci de nous rappeler, à travers l’émouvante aventure de Max, qu’il s’agit avant tout d’aimer, de demeurer à l’écoute de nos fragilités pour ne pas perdre notre humanité. Merci de tendre la main aux inconsolés et de leur dire que la vie est plus forte que tous les tsunamis qui peuvent nous engloutir.
Frank Andriat
Orianne Charpentier, Après la vague, Éditions Gallimard, Scripto, 2014.