Rita STILMANT, Depuis ta mort, LA MEUSE, 29 mai 2004.

DEPUIS TA MORT de Frank ANDRIAT

Le sujet est délicat. Presque tabou. Il fait cohabiter ceux qui, mais, ne devraient se côtoyer : la jeunesse et la mort.

Le résultat ?   Une violence particulièrement destructrice. Noire. Opaque. Nauséabonde. Malheureusement, Ghislain va faire cette terrible rencontre. Lors du décès de son père. Un architecte de 42 ans.

S’en suit un douloureux chemin de croix. Tortueux. Mais instructif. Pour qui veut tendre l’oreille, ouvrir les yeux. Et son coeur.

Avec tendresse, Frank Andriat narre ce tragique épisode de la vie de Ghislain. A ses côtés, le lecteur plonge dans un profond désarroi. Il crie sa révolte. Crache son mépris. Survit. Pour finalement engager un combat rédempteur.

Avec talent, l’auteur traduit les émotions contradictoires qui agitent le jeune homme.   Des sentiments que le héros ne parvient pas encore à maîtriser, lui qui n’est qu’aux prémices de ce magnifique apprentissage qu’est la vie et plus particulièrement l’existence dans le monde des adultes.

Avec justesse, l’écrivain bruxellois, Gaumais d’adoption, relate les moments par lesquels Ghislain doit inévitablement passer pour retrouver son père.

Des instants durs que jalonnent une foule d’incompréhensions : «Elle veut se créer un univers sans papa, c’est ça ?   Elle ne supporte plus qu’il soit présent dans son existence ?   Elle veut l’oublier, le gommer, le tuer ?   Je la déteste.»

Des épisodes troublants également : «J’aime Amélie.   Elle ne quitte plus mon esprit (…)   J’ai honte de moi : mon père est mort et je peux me sentir envahi d’un enthousiasme délirant pour une fille que je ne connaissais pas la semaine dernière.»

Et Ghislain progresse.   Inexorablement.   Jusqu’au trouver la force d’affronter la réalité, matérielle, en face : «André Leclercq. 1960-2002.   Des lettres dorées gravées sur une plaque de marbre noir.   Une longue pierre plate et sobre, sans autre autre inscription et sans croix.»

Inlassablement, l’adolescent se raconte la dramatique histoire. Progressivement il intègre l’information. Jusqu’à accepter l’inacceptable. Et enfin héberger son père dans un coeur apaisé.

Rita STILMANT, LA MEUSE, 29 mai 2004.

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