Mon pire ami
Un garçon de seize ans est interné dans une institution psychiatrique. Le message —réel ou fantasmé— qu’il adresse à son médecin nous permet de suivre son cheminement intérieur.
Bien qu’on soit tenu informé de ce qu’il mange, de ce qu’il avale comme «médocs», de ce qu’il éprouve pour sa jeune et jolie co-pensionnaire, ce n’est ni un défilé de menus, ni d’ordonnaces, ni un récit du type Les exploits d’un jeune don Juan (Apollinaire)… C’est nerveux, non conventionnel, hurlant et respectueux à la fois, ça emporte et ça laisse le coeur vidé et content. Il y a, bien sûr, les grands conflits attendus, entre générations (je vs parents), entre individu et système, entre sexes… Il y a, également, des âmes généreuses (camarades de lycée, et même un prof de français au patronyme délicieux et signifiant, M. Bonheur). Il y a , surtout, le conflit qui n’émerge que peu à peu, entre Dan, l’interné, et le double qu’il s’est inventé dès l’âge de cinq ans pour survivre, Stany. Je suppose que, côté psy, ça prend le doux nom de schizophrénie. Pourquoi pas ? Le plus beau se trouve dans les pages où le je et l’autre combattent. Le tout est donc sombre et modérément optimiste, tendre et grossier… à l’image de la vie ? Comme souvent, il reste une épreuve à passer : celle qui fait qu’un coup de coeur supporte la relecture (les relectures) sans s’abîmer.
Vladimir Floréa
Autre avis : Depuis qu’il a cinq ans, Dan a un ami imaginaire, Stany. Avec lui, il partage tout : ses doutes, ses peines et ses craintes, mais surtout la haine de son père, un homme méchant et brutal. Stany est tout le contraire de Dan : il est beau, sûr de lui, fort et séduit les filles. A seize ans, Dan se sent rejeté. Son instabilité le conduit dans un institut psychiatrique. Stany devient gênant le jour où il essaie de prendre le corps et la place de Dan : peut-être n’est-ce pas un si bon ami… L’auteur aborde le thème de la schizophrénie avec beaucoup de délicatesse. Le texte rend très bien l’évolution de Dan et la façon dont il sombre progressivement dans la maladie. Un récit poignant et très juste à découvrir !
Maryon Wable-Ramos in Lecture Jeune, juin 2006.