Bart chez les Flamands

Bart chez les FlamandsLa Renaissance du Livre, Waterloo, 2012.

2030. Les Flamands ont obtenu la scission de la Belgique et ont créé leur république. Tout ne s’est pourtant pas déroulé comme prévu. Repliée sur elle-même, la Flandre vit à marée basse pendant que, dans ce qui reste du royaume de Belgique, suite à la découverte d’or dans le sous-sol wallon, règnent la joie et l’opulence.

La reine Mathilde propose de tendre la main aux Flamands et éveille les voix nationalistes du prospère petit pays : Bart Lecoq, président de la NWA, monte au créneau. Pas question de donner un euro aux Flamands ! La Première lui propose d’apprendre à connaître cette Flandre qu’il vilipende. Il relève le défi et, durant un voyage de trois jours, découvre un pays dont la réalité ne correspond en rien à ses idées fixes.

Un roman de politique-fiction délirant où la Belgique nous offre ce qu’elle a de meilleur : son sens de l’autodérision.

C’est du Belge…

Andriat s’amuse. Mais sa fable drolatique sur nos chamailleries politiques respire aussi et à fond cette forme de bons sens apaisant qui s’appelle la sagesse. Belgique 2025 : la Flandre devenue indépendante s’est repliée sur elle-même et, contrairement au résultat escompté, s’est appauvrie en perdant tout crédit sur le plan international. Alléluia : la Belgique nouvelle (Wallonie et Bruxelles) trouve richesse et prospérité grâce à la découverte d’un important filon d’or dans le sous-sol de La Louvière.

Soucieuse de bonne entente et de solidarité selon les vœux de la bonne Reine Mathilde, la Première Ministre, originaire de Liège, émoulue du PASOS (parti des socialistes de salon), doit faire face à Bart Lecoq, fondateur de la NWA, parti nationaliste wallon, extrémiste et impatient de voir crever la Flandre. Fine mouche, la Première use d’un défi malin pour convaincre le gros Bart wallon d’aller lui-même sur place pour constater combien les Flamands sont malheureux et hostiles. Sa déconvenue est totale sur les deux points. Il compte bien garder cela pour lui, mais une autre ruse de la Première rend l’affaire publique et les ridiculise, lui et son parti.

Entre autodérision et procès de tous les extrémismes, le livre d’un Andriat bien documenté multiplie à plaisir, et pour le nôtre aussi, les clins d’œil à notre politique présente et passée, comme à ceux qui l’ont faite. (Avec, parmi d’autres, un succulent portrait d’un vieil ex-Premier flamand, collectionneur des textes de la Brabançonne.) Roman de politique-fiction, à l’image d’une paraphrase de Magritte : Ceci n’est pas un pays, judicieusement invoquée d’entrée de jeu par un Andriat œcuménique, dédiant sa drôle de fable à ses « amis flamands, wallons, germanophones set bruxellois. »

Ghislain COTTON, Le Carnet et les Instants, novembre 2012.

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