Frank Andriat et André-Paul Duchâteau ont fait leurs études dans la même école (l’athénée Fernand Blum de Schaerbeek) qui est devenue le personnage principal des deux premiers romans qu’ils ont écrits ensemble : Manipulations, Memor, 2002. Intrusions, Memor, 2004.
Le sujet
Avec Le coupable rêvé, ils offrent à leurs lecteurs un univers riche en surprises où l’enquête policière se double d’une intrigue psychologique et amoureuse : le professeur Jean Desbats va-t-il pouvoir prouver son innocence, retrouver l’amour de Véronique, la jolie libraire, et offrir ainsi à son fils Tommy un nouvel équilibre ? Dans ce texte tout en nuances, les deux auteurs et amis s’intéressent à l’émotion que peut vivre un homme pris au piège de la rumeur et des a priori. Ce roman policier décrit avec finesse l’atmosphère lourde qui emprisonne un être à fleur de peau et qui le pousse à l’erreur quand il fait tout pour se disculper d’une faute qu’il n’a pas commise.
Inattendu, troublant, poignant, Le coupable rêvé est le fruit d’une collaboration amicale entre un maître de l’énigme policière et un spécialiste de la littérature pour adolescents : au suspense mené par Duchâteau s’ajoute une peinture vivante du milieu de l’école et des jeunes en rupture réalisée par Andriat. Dans la vie, comme dans les mots, la sauce a pris entre Frank Andriat et André-Paul Duchâteau et l’on sent, à travers leurs phrases, le plaisir qu’ils prennent à écrire ensemble.
Ce livre est utilisé dans les classes à partir de la 2ème année du cycle secondaire (5ème en France).
— Tu sais quoi ? m’a dit Mélissa, d’une voix blanche.
— Nada, ai-je répondu.
— J’ai voulu t’appeler hier soir, mais, avec ton prof de père, j’ai pensé que tu devais être au courant.
Là, elle m’a inquiété. Qu’avait-il pu arriver d’assez grave pour qu’on ait dû prévenir mon père à la maison ? J’avais passé un week-end peinard devant mon ordinateur et mon père m’avait semblé plus calme. Il s’était même offert un cinéma le dimanche soir.
— Daniel Fatucci est salement amoché, a poursuivi Mélissa. Il s’est fait agresser hier, près du parc, en rentrant chez lui.
Un grand frisson m’a parcouru. Fatucci avait enfin trouvé son maître et je devais avouer que j’en éprouvais, dans un premier temps, un plaisir fou.
— Ben, on dirait que ça te réjouit ! s’est exclamée Mélissa.
— Ce n’est jamais marrant de se faire amocher, mais ne crois-tu pas que Fatucci méritait une bonne leçon ? Avec toutes les conneries qu’il invente, ça devait lui arriver un jour, non ?
— Il est à l’hôpital, Tommy. Nez fracturé, commotion cérébrale, deux côtes cassées; il a dû rencontrer quelqu’un qui le hait particulièrement fort pour se retrouver dans cet état.
— Et on sait pourquoi il a été agressé ?
— Non. C’est Aïcha qui m’a prévenue; elle habite pas loin de là et, quand elle a entendu les voitures de police, elle est allée voir ce qui se passait. Il paraît qu’on ne lui a même pas piqué son fric et qu’on lui a laissé son portable tout neuf. On l’a frappé pour le plaisir, c’est tout.
Mon père était-il déjà au courant ? Ça devait jaser ferme à la salle des profs ! Quand Mélissa m’a quitté pour raconter la nouvelle à Nuray qui venait d’entrer dans le préau, je suis allé jeter un coup d’oeil dans la classe de mon père et je l’ai trouvé en train d’enrager tout seul.
— Eh, papa ! Tu sais quoi ?
— Pourquoi crois-tu que je suis dans cet état ? Tu sais que ton éducatrice, Régine Berthelot, a trouvé de bon goût de me demander si ce n’était pas moi qui avais arrangé le portrait à Fatucci ? Et ça, devant plusieurs collègues ! Nom de Dieu, quelle conne!
extrait du Coupable rêvé © Editions Mijade, 2007.