Rue Josaphat

Memor, Bruxelles, 1999.
Réédition chez Mijade, Namur, 2007.

Publié en 1999, Rue Josaphat en est à sa troisième édition. Ce roman à plusieurs voix reçoit un accueil enthousiaste dans les écoles, notamment dans les classes multiculturelles.

Le sujet

La rue Josaphat, à Schaerbeek, commune de la région bruxelloise, grouille de monde. Un univers coloré où se retrouvent jeunes et plus âgés, Belges et non-Belges, favorisés et moins favorisés. L’auteur montre que, malgré nos différences, nous pouvons apprendre à vivre et à être heureux ensemble. «Admirez-vous les uns les autres, admirez l’homme et admirez la terre et vous vivrez ardents et clairs.» dit Émile Verhaeren en exergue au livre. Ce parti-pris de l’ouverture à l’autre est aussi celui de Frank Andriat.

Humour, tendresse, intrigue policière, réalisme et violence parfois, Rue Josaphat est un roman en prise directe avec l’actualité et propose, dans un style vif et chaleureux, une voie humaine qui évite tous les dérapages extrémistes.

Ce roman est utilisé dans les classes à partir de la 2ème année du cycle secondaire (5ème en France).

L’assistant social, il se croit malin. Il n’arrête pas de parler d’intégration, de relations. Qu’est-ce qu’il rêve ? Monsieur K. et les gens comme lui, la société n’en veut pas. Elle dit : “Tu pues, le réfugié, dégage, retourne dans ton pays !” Et il espère, ce con d’assistant social, qu’avec des mots comme ça, K., il a envie d’aimer les gens. Mon pays, mec, je le connais même pas. Je suis comme toi, made in Belgium, mais toi, ton nom, il sonne pas comme Kalachnikov ou kung-fu. Alors, c’est facile de t’intégrer ! T’es comme eux, mec, c’est juste pour ça qu’ils t’acceptent. Autrement, ils te chieraient comme moi. “T’es qu’une merde, retourne dans ton kolkhoze, casse-toi dans ton kibboutz, dégage au Katanga, va y fumer ton kif, ici, on ne veut pas de K.” Racistes ! Kim, Karim, Kosta, Kalil, Kiko, Krysztof, Khader, Karl, Kenneth, je dis plus mon prénom à personne pour qu’ils me collent pas d’étiquette. Morceau de bravoure, ouais. J’ai demandé à mes potes de me filer des prénoms en K pour écrire une chanson.
J’ai pas de pays, mais tout le monde s’en fout. L’assistant social, il dit que je dois respecter les autres, mais tu crois qu’ils me respectent eux, en me traitant comme si je n’existais pas. Alors, tu fumes, mec, puis, tu planes et ton pays, c’est tout le ciel. Faut pas croire tout ce qu’ils racontent, elle est aussi à nous la mappemonde. Et tu rappes, tu dérapes et tu frappes. Et tu rappes, ta vie, comme tes idées, elle zappe. K., il s’éclate en chantant. Et tu devrais voir le petit Mehmed lorsqu’il laisse aller son corps sur le trottoir au rythme de la musique. Il a la pêche, le môme ! Comme K. avant que Big Michel lui file les petites pilules blanches.
extrait de Rue Josaphat, © Éditions Memor, 1999.

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