Vocation prof

Labor, Bruxelles, 2001.
Réédité chez Labor Education (Erasme), 2008.

Une nouvelle commande de Marie-Paule Eskénazi à Frank Andriat. Pour illustrer de manière positive le métier d’enseignant, souvent décrié, elle a demandé à l’écrivain-professeur de retracer son parcours après vingt ans d’enseignement. Un livre qui se lit comme un témoignage et comme une réflexion sur le métier de prof. Il a déjà connu deux réimpressions depuis sa publication en 2001.

Le sujet

Comment entrer en relation avec ses élèves ? Comment résoudre les problèmes de discipline et trouver l’équilibre entre autorité et complicité ? Autant de questions que se pose le futur enseignant et auxquelles l’auteur répond avec sincérité et précision. Mais davantage qu’un guide pratique à l’usage du jeune professeur, cet ouvrage est une illustration enthousiaste du métier de prof. Frank Andriat y partage ses vingt ans d’expérience comme enseignant. Sans cesse à l’écoute de ses élèves, il a appris à les rencontrer et il nous livre les clés d’une démarche pédagogique qui, loin des auditoires universitaires, vise à l’épanouissement des ados à travers le dialogue, en dépit des problèmes de désintérêt, voire de violence. Les anecdotes, la présentation des projets –journaux, livres, etc.– menés à bien avec ses étudiants confèrent émotion et vivacité au récit. Au fil de l’ouvrage, l’auteur nous fait aussi part de ses réflexions sur la place de l’enseignement dans notre société.

Ce livre s’adresse essentiellement à un public d’enseignants ou de futurs enseignants. Il est beaucoup utilisé dans les écoles normales.

Vocation professeur ! A entendre ce que certains racontent, il devient difficile d’y croire. Et pourtant je puis vous assurer qu’ils existent, ces hommes et ces femmes qui prennent un profond plaisir à rencontrer les adolescents dans leur quotidien, qui se dévouent, heure après heure, à un métier qui s’exerce dans des conditions de plus en plus difficiles, mais un métier tellement riche, tellement humain que ceux qui y croient n’ont pas l’idée de le lâcher.
Bien entendu, il y a ceux qui ont perdu espoir, il y a ceux qui se plaignent, il y a ceux qui voudraient revenir vingt, voire trente ou quarante ans en arrière. Quand l’école avait encore une aura qu’elle n’a plus. Avant Internet, avant la mondialisation, avant les Pokémons, avant l’Euro 2000, la téléphonie mobile et les Simpsons. Chaque époque a ses engouements de masse, chaque époque a ses inventions terribles. Cependant, à tous les âges de l’Histoire, la relation à l’autre, l’ouverture aux différences, le contact entre humains ont eu une importance primordiale.
Et être prof, c’est justement ça : rencontrer l’autre dans ses différences, lui transmettre le meilleur de nous et lui révéler ses potentialités, l’amener à être lui-même. Surtout si l’autre est un adulte en devenir, car il est plus fragile qu’un adulte construit et mérite donc davantage d’attention. Surtout si l’autre provient d’un milieu défavorisé, car, pour lui, l’école représente une chance de réussir, une possibilité de s’épanouir. Surtout si l’autre est originaire d’un pays en guerre, surtout s’il a dû se réfugier chez nous car, pour lui, l’école devient un moyen d’intégration et de reconnaissance.
Vocation professeur ? Oui, certainement, encore et encore ! Malgré le peu de poids que les décideurs politiques, de plus en plus souvent soumis aux diktats de groupes financiers sans conscience, accordent à l’école qui, à leurs yeux, n’est pas directement rentable. Malgré les tracasseries administratives, malgré le vandalisme et l’irresponsabilité de certains. Malgré les terribles coups de blues qui nous écrasent parfois, après une leçon mal donnée, après une discussion apparemment inutile avec un élève révolté, après une délibération difficile ou un conseil de classe mouvementé.
Ce livre n’a qu’un souci, celui du partage d’une expérience de vingt années d’enseignement. Bien d’autres auraient pu l’écrire aussi bien, voire mieux que moi. Bien d’autres ont vécu des aventures et des enthousiasmes plus terribles que les miens. Que ceux qui aiment leur boulot et qui ne se retrouveront pas vraiment ici me pardonnent mes oublis, mes erreurs. Que les professeurs de mathématique, de sciences, d’économie, d’histoire, d’éducation physique, et j’en passe, ne m’en veuillent pas de m’attacher davantage au cours de français qu’au leur.
Vocation professeur ? J’espère que cet ouvrage, partant d’expériences vécues sur le terrain et s’achevant sur quelques réflexions générales à propos de l’enseignement, montrera combien le métier de prof est riche, enthousiasmant et combien profondément il nous renvoie à notre sens de la solidarité, à notre humanité. Vocation professeur ? Oui. Et je vous jure sincèrement que ce n’est pas pour les fameuses «grandes vacances» !
extrait de Vocation Prof, © Editions Labor, 2001.

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